Alors que de plus en plus d’officines italiennes sont malades de la crise, la pharmacie du Vatican semble curieusement épargnée. C’est ce que démontrent les livres sortis en Italie jeudi dernier, « Avarice » et « Le Chemin de Croix » rédigés par deux journalistes, Emiliano Fittipaldi et Gianluigi Nuzzi. Le constat dressé est glacial pour les officines italiennes, exaltant pour les pharmaciens du plus petit État du monde.
Selon une étude publiée par Farmindustria, l’association nationale de l’industrie pharmaceutique, la clientèle d’une officine italienne est estimée à 3 500 personnes en moyenne et son chiffre d’affaires annuel à 700 000 euros. Au Vatican, la pharmacie sert environ 1 900 clients en une seule journée et son chiffre d’affaires en 2013 a atteint la barre des 32,8 millions d’euros. Moins toutefois qu’en 2012, « le point de vente placé sous la houlette du frère Rafael Cenizo Ramirez ayant encaissé 41,6 millions d’euros », souligne Emiliano Fittipaldi. Ce miracle s’explique par la politique de la diversification introduite par le Vatican avec l’ouverture d’une parfumerie spécialisée dans la vente des grandes marques. « La pharmacie ouverte à tout le monde, accepte aussi les ordonnances des médecins des pays étrangers, applique des remises allant jusqu’à 20 % par rapport aux prix appliqués dans les officines italiennes. Et puis les curés vendent des médicaments introuvables en Italie », analyse Emiliano Fittipaldi. Tout cela, conclut l’auteur, explique le fait que la pharmacie du Vatican est l’officine la plus fréquentée de la planète.
Un trou de 300 000 euros
Mais ces révélations sur l’état de santé de l’officine du Vatican expliquent l’émoi de la commission nommée l’an dernier par le pape François pour examiner la situation financière du Vatican, lorsque les analystes de la société Ernest & Young Spagna lui ont expliqué que ces « activités rentrent dans la catégorie des no profit ». Interpellés pour donner leur avis sur l’aspect commercial de ces activités, ces experts, après avoir examiné les comptes du supermarché, du bureau de tabac et de la pharmacie, ont déclaré que « ces magasins ne contribuent pas à la mission évangélique ». Pire, « ils constituent un risque certain pour la réputation et l’image de l’Église en raison de leurs rayons d’activités », rapporte Gianluigi Nuzzi dans « Le Chemin de Croix ». En s’appuyant sur des documents secrets, que lui ont remis « volontairement des personnes ayant accès à ces documents », l’auteur fait aussi état d’une perte due à des différences d’inventaire de 300 000 euros concernant des crèmes et des médicaments. « Une anomalie relevée dans d’autres magasins du Vatican », explique Gianluigi Nuzzi, qui s’interroge : « Où sont passées toutes ces marchandises ? Les comptes ont-ils été mal faits ? Quelqu’un a-t-il volé des biens ? » La réponse de l’auteur soulève un doute : « S’il en est ainsi, cela peut vouloir dire qu’il existe un marché noir avec des ventes effectuées sous la table. » Mais dans les palais sacrés, poursuit Gianluigi Nuzzi, « certains se demandent si ces produits ont véritablement été entreposés dans les dépôts. Ils ont pu être enregistrés pour justifier des sorties d’argent destinées à d’autres choses ».
Alors que ces deux ouvrages se vendent déjà comme des petits pains, au Saint-Siège, on contre-attaque en redimensionnant l’écho médiatique de ces révélations. « C’est une publication en vrac, des informations dépassées… le pape est serein », déclare le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin