MOIS après mois, la société IMS Health observe l’impact de la réforme de l’honoraire sur la marge et la rémunération de l’officine. En avril, la rémunération totale du réseau s’élève ainsi à près de 453 millions d’euros, contre 468 millions d’euros en avril 2014 (sur le médicament remboursable). Une rémunération en recul qui montre que « le poids des baisses de prix devient insupportable », explique Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Toutefois, la perte aurait été supérieure sans la mise en place des honoraires de 0,82 euro à la boîte et de 0,51 euro pour les ordonnances complexes. Sans la réforme, la rémunération atteindrait en effet environ 447 millions d’euros, selon IMS Health.
La société a également simulé l’impact d’une revalorisation du forfait à la boîte de 53 à 60 centimes envisagée à l’époque par l’assurance-maladie et soutenue par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Si cette option avait été retenue, la rémunération totale aurait alors été de 451 millions d’euros. « C’est mieux que sans la réforme, mais c’est moins bien qu’avec la rémunération mise en place en janvier. Toutefois, dans les deux cas, cela reste insuffisant », estime Philippe Besset.
Mais pour Gilles Bonnefond, cette analyse est incomplète. Car, affirme-t-il, la proposition de l’USPO contenait également un honoraire pour les ordonnances faiblement rémunératrices (dont le montant est inférieur à 10 ou 11 euros). « C’était la variable d’ajustement que l’on aurait pu introduire dans un contrat avec l’État », précise le président de l’USPO. Et cet honoraire aurait rapporté, selon ses calculs, environ 6 millions d’euros supplémentaires au réseau au mois d’avril. Ce qui aurait porté la rémunération totale à 457 millions d’euros.
Divergences syndicales.
Quoi qu’il en soit, pour Philippe Besset, de nouvelles discussions avec l’assurance-maladie doivent être enclenchées pour corriger les cascades de baisses de prix qui n’avaient pas été évoquées lors des négociations initiales. D’autant que le nouveau projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2016 « va encore faire peser sur le médicament, et en premier lieu sur l’officine, l’essentiel de l’effort demandé à la santé », indique le vice-président de la FSPF.
Toujours hostile à la réforme engagée, Gilles Bonnefond souhaite lui aller plus loin et abandonner purement et simplement le passage à l’honoraire à un euro prévu pour le début de l’année prochaine. Selon lui, 7 640 confrères ont écrit au directeur général de l’assurance-maladie pour lui demander de ne pas faire l’étape de 2016 et « pour pouvoir faire à la place une véritable réforme du métier de pharmacien, avec un contrat avec l’État et des objectifs pour que ce réseau entre dans une stratégie d’offre de soins de territoire alors que les déserts médicaux n’arrêtent pas de s’étendre ».
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