L’EUROPE s’enfonce dans la crise. Une crise où les pays emprunteurs ne peuvent plus rembourser. À commencer par la Grèce. Qui est touché?? Les banques qui leur avaient prêté, mais aussi les assureurs qui avaient acquis des obligations d’État sur les marchés financiers. En effet, lorsqu’un gouvernement a besoin d’emprunter, il émet des obligations en différentes coupures (valeur nominale), la valeur nominale étant remboursée à la date d’échéance de l’obligation et l’intérêt est payé dans l’intervalle… sauf si le gouvernement qui les a émises se trouve dans l’incapacité d’en payer les intérêts ou d’en rembourser la valeur nominale. Un risque faible mais qui peut s’avérer, comme dans le cas actuel de la Grèce, mais aussi peut-être demain de l’Espagne, du Portugal ou encore de l’Italie.
Pas (encore ?) de souci sur les comptes bancaires.
Pour autant, il faut relativiser, comme l’explique la Mutuelle d’assurance du corps de santé francais (MACSF) : « Le risque de défaut d’une émission obligataire ne signifie pas que la totalité de la dette soit perdue. En théorie, la restructuration de la dette porte sur la réduction partielle de la dette ou des intérêts », précise un de ses responsables.
En l’occurrence, dans le cas de la Grèce, il a été décidé, le 21 juillet, d’accorder un autre prêt de 106 milliards à ce pays et que les banques accorderaient une dévalorisation moyenne de 21 % sur ses créances. Concrètement, les banques et les autres institutions financières vont donc toucher 79 euros sur 100 euros. Conséquence directe de cette dépréciation : les résultats des établissements financiers et des banques vont baisser. Dans la pratique, les détenteurs de compte bancaires ne verront pas de changement, ce qui n’est pas, en revanche, le cas des actionnaires. D’où la chute des cours boursiers des banques.
« Avec des valorisations boursières en baisse de – 48,17 % pour Société Générale, – 36,70 % pour Crédit Agricole, ou encore – 31,32 % pour BNP Paribas depuis le début de l’année, l’addition commence à être salée pour les banques françaises », constatait fin août la MACSF dans une note d’analyse.
Rendement en baisse pour les assurances-vie.
En revanche, les détenteurs d’assurance-vie en euros devraient être impactés. Avant l’accord du 21 juillet, un assureur ou une mutuelle détenant des titres grecs percevait du 8 voire du 10 % qui dopait les revenus distribués aux assurés ; après la restructuration de la dette, le rendement va chuter à 5 %, plombant le rendement du fonds distribué à hauteur de l’exposition : pour un portefeuille investi à 1 %, l’impact sera au maximum de 5 points sur ce 1 %, soit 0,05 % de performance en moins ; pour un portefeuille investi à 2 %, c’est 0,1 % de rendement qui s’envole.
Mais ce n’est pas tout : avec la perte de 21 % décidée sur les titres grecs, les assureurs vont enregistrer une moins-value et réduire d’autant leur réserve, sorte de bas?de?laine qui leur permet de lisser les plus-values et moins-values d’une année sur l’autre. Une ponction dans leurs réserves qui sera « ni vue, ni connue » de la majorité des épargnants mais qui n’en réduit pas moins pour autant les réserves qui auraient pu doper un rendement en année médiocre.
Dans la pratique, pour savoir de quoi sera fait le rendement de votre assurance-vie demain, il faut donc savoir quelle est l’exposition de votre assureur. Autrement dit, est-ce qu’il détient beaucoup de cette dette grecque. Au rang des plus exposés : Groupama, qui détiendrait 26 % de titres en dette grecque, portugaise, italienne ou espagnole ; l’agence de notation Standard & Poor’s avait d’ailleurs baissé sa note des créances dès le mois de mai. Autre assureur touché : l’AFER, dont l’exposition aux pays dits « périphériques » de la zone euro serait de 14,2 %. De son côté, ACM vie annonce une exposition limitée sur les « piigs », c’est-à-dire le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, à 3,14 % de l’encours. Si le fonds en euros de Cardif assurance-vie est investi à hauteur de 36,3 % en obligations européennes, la Grèce, le Portugal et l’Irlande ne représenteraient que 2,6 % du portefeuille. Enfin, la MACSF se veut rassurante : « Notre exposition à la dette souveraine obligataire à l’ensemble des pays dits périphériques de la zone euro est très limitée. Nous ne détenons que 6 % de l’encours du RES en dette souveraine du Portugal, de l’Irlande, de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne (au 30 juin 2011) dont moins de 2 % sur la Grèce. »
Quid de la situation si elle s’aggrave ?
Si les conséquences de cette crise demeurent encore limitées pour les épargnants, les plus pessimistes redoutent néanmoins un effet domino. Le scénario qui fait peur : celui d’une défiance qui viendrait de nouveau gripper le marché interbancaire (« Je ne te prête plus car je ne suis pas sûr que tu vas me rembourser ») et provoquer une nouvelle crise des liquidités.
À ce stade, si votre établissement bancaire venait à faillir, que se passerait-il pour votre épargne ? Les dépôts et comptes à terme sont couverts par une garantie de 100 000 euros par déposant et par établissement. Autrement dit : vous avez tout intérêt à choisir plusieurs banques. Et à répartir vos comptes entre plusieurs établissements, qui, chacun, vous couvriront à hauteur de 100 000 euros.
Côté assurance-vie, la garantie atteint 70 000 euros par assureur... mais pas par contrat. Donc là encore, mieux vaut ne pas mettre tous ses contrats chez le même assureur !
Enfin, il est des idées qu’il faut battre en brèche. Comme celle du livret A qui serait totalement garanti par
l’État. Si cela était vrai hier, la donne a légèrement changé en 2009, date à laquelle les banques ont toutes pu proposer le livret A qui était jusque-là réservé à La Poste, la Caisse
d’Épargne et au Crédit Mutuel : désormais, les fonds déposés sur un livret A sont garantis par l’État pour la partie centralisée à la Caisse des dépôts et consignations, soit entre 70 et 100 % selon les banques.
Pour autant, en guise de conclusion, on ne peut s’empêcher de paraphraser le cynisme des plus fatalistes : de toutes les manières, les garanties de 70 000 et 100 000 euros sont bien belles sur le papier mais ne résisteraient pas en cas de faillite d’un gros établissement, faute de ressources.
On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi l’or s’envole, jouant son rôle de valeur refuge…
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