LE RÉSEAU des officines présente de réelles difficultés économiques. Les résultats de l’enquête* présentés samedi à Pharmagora par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) sont en effet éloquents : 11 % des officines déclarent des pertes pour l’exercice 2008 et 36 % présentent un découvert bancaire contre 20 % l’année précédente. Seulement 3 % des pharmacies indiquent une amélioration de leur trésorerie. « La trésorerie des officines s’est affaiblie sur l’exercice 2008, observent les auteurs de l’étude. Fin 2007, une pharmacie sur cinq déclarait une trésorerie négative. En 2009, c’est maintenant une officine sur trois qui est dans le rouge. Elles sont 77 % à déclarer au global que leur trésorerie s’est dégradée en un an ».
Pas de bonus.
« Notre enquête montre bien qu’il y a une aggravation très nette de la situation financière des officines », commente Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la FSPF, qui se félicite du comportement responsable des pharmaciens. Leur première décision a en effet été de réduire leur train de vie. Plus d’un titulaire sur deux a ainsi opté pour une diminution de ses prélèvements. Viennent ensuite un gel ou un report des investissements (39 %) et des embauches (33 %). « Les stocks option et les bonus n’ont pas cours en officine », fait remarquer non sans humour le président de la commission Économie.
En ce qui concerne les délais de paiement accordés par les grossistes, l’enquête montre que, en moyenne, ils atteignent 34 jours. Près de quatre pharmacies sur dix ont des délais de paiement compris en 30 et 45 jours, et 3 % (soit 800 officines) ont même des délais supérieurs à 60 jours, c’est-à-dire au-delà de ceux prévus par la loi de modernisation de l’économie (LME)**. « Nous nous sommes rapprochés des grossistes-répartiteurs pour leur demander du temps afin que ces pharmacies puissent appliquer la LME », souligne Philippe Besset. À noter que 3 % des officines payent leur grossiste comptant.
Une étude au cas par cas.
Depuis quelques mois, des plaintes remontaient du terrain jusqu’aux représentants de la FSPF. Le syndicat a souhaité en avoir le cœur net et a donc décidé de réaliser cette vaste enquête afin d’évaluer le résultat de l’exercice 2008 et faire le point sur la situation des trésoreries. Un questionnaire a été adressé par fax en février à l’ensemble des pharmacies de métropole. Résultat, 3 372 titulaires, soit 15 % de la population officinale, y ont répondu. Plus de 300 d’entre eux ont même accepté de sortir de l’anonymat pour témoigner de leurs déconvenues. Des exemples concrets pour la FSPF qui compte maintenant s’entourer d’experts et analyser la situation de ces officines en difficulté, au cas par cas. « Nous allons procéder à une étude spécifique de ces pharmacies - et non pas de l’ensemble du réseau comme nous le faisons habituellement -, pour tenter de connaître les raisons de leur situation délicate, d’établir un diagnostic et d’apporter des remèdes collectifs, explique Philippe Besset. Pour étudier la maladie, il faut étudier le malade ».
En attendant, les résultats de cette première enquête vont servir de base à l’ouverture de discussions avec les grossistes, les fournisseurs, les banques et les pouvoirs publics. Car la FSPF réclame toujours la mise en place de mesures immédiates : la revalorisation de la marge, l’allongement des délais de paiement, l’évaluation des grands conditionnements et, plus récemment, la modification du mode de rémunération. « Nous maintenons le cap de nos demandes », insiste Philippe Besset.
** La LME ramène les délais de paiement à 45 jours fin de mois ou à 60 jours à compter de la date d'émission de la facture.
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