LENTE, mais certaine, l’hémorragie continue. La pharmacie française a perdu 123 officines au cours de l’année 2014, autant qu’un an auparavant. Au gré des regroupements - en hausse de 16,6 % entre 2013 et 2014 - et des restitutions de licences (88), la concentration poursuit son œuvre. Et l’axiome d’une fermeture d’officine tous les trois jours, une nouvelle fois, se vérifie. Des départements comme la Lozère, la Nièvre ou l’Aube ont ainsi perdu plus de 2 % de leur parc d’officines. Alors que 2 904 Français se partageaient une pharmacie en 2013, ils sont aujourd’hui 2 936. Rien d’inquiétant cependant d’après l’Ordre des pharmaciens, qui publie ces données démographiques de la profession. « Il n’y a pas d’accélération de ce mouvement et, contrairement à ce qui souvent dit, il n’y a pas de concentration du réseau officinal. Le maillage territorial reste toujours harmonieux, une pharmacie sur trois se situant dans une commune de moins de 5 000 habitants », rassure Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). Une observation déjà publiée les années précédentes, alors que les grandes tendances se confirment. Le pharmacien d’officine moyen est une femme, il approche de la cinquantaine. Avec une dizaine d’années de moins quand il est installé au Nord de la Loire.
Le poids du collectif.
Si l’officine tente toujours les trois-quarts de la profession, équitablement répartie entre titulaire et adjoint, on entre de plus en plus difficilement de plain-pied dans la titularisation. Le nombre de jeunes diplômés s’inscrivant directement dans la section A (titulaires) ne cesse ainsi de diminuer d’année en année : 42 contre 54 en 2013 et 77 en 2012 ! D’ailleurs le solde reste négatif avec 27 380 titulaires inscrits, soit 0,65 % de moins qu’en 2013. Il ne faut pas compter sur le renfort des transfuges de la section D (adjoints), ni de ceux de la section H (établissements de santé) dont le nombre reste stable.
Quand il opte pour l’officine, le diplômé a une prédilection affirmée pour l’association, à l’instar des autres professionnels de santé. Depuis 2008, date à laquelle la tendance s’est inversée irrémédiablement en faveur de l’association toutes formes confondues, celles-ci constituent désormais plus des trois-quarts des formes juridiques de l’exploitation d’une officine, seulement 6 500 officines demeurant en main propre. À noter que si le nombre des entreprises unipersonnelles à responsabilité limitée (EURL) stagne et les effectifs des sociétés en nom collectif (SNC) s’infléchissent, les sociétés à responsabilité limitée (SARL) continuent d’attirer d’année en année. La société d’exercice libérale (SEL) est devenue aujourd’hui, indiscutablement le premier mode d’exercice. Elle poursuit son ascension avec 650 nouvelles structures enregistrées en 2014, portant à 8 053 le nombre de SEL. Une pharmacie sur six est aujourd’hui liée à une autre financièrement. 80 % des ventes conclues en 2014, se sont effectuées en SEL. « Les pharmaciens se regroupent pour arriver à affronter le contexte économique, mais ils restent très attachés à l’exercice libéral », souligne Isabelle Adenot. Corollaire logique, le nombre de sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL), les holdings, a plus que triplé en un an.
Et du salariat.
Dans la profession, les cavaliers seuls sont en voie de disparition : 3 922 seulement renoncent au soutien d’un adjoint. Tandis que 76 % des pharmacies détenues par un seul titulaire se font seconder par au moins un adjoint à temps partiel. À la contraction du nombre de titulaires répond logiquement une croissance du salariat de 0,5 %. Faut-il voir dans l’engouement pour cette forme d’exercice, son fort pouvoir d’attraction sur les femmes (82 %) ? Pas seulement, les pharmaciens chargés de la dispensation du gaz à usage médical, par exemple, ont connu une hausse de 4,7 % de leur effectif en 2014. Qu’il soit choisi en officine, ou dans les autres sections, le salariat a le vent en poupe. En croissance de 3,6 % en établissement de santé, de 2,2 % dans la distribution ou encore de 1,5 % en industrie, il justifie presque à lui seul le solde positif enregistré par les statistiques ordinales de 2014. « Nous avons 222 pharmaciens de plus », annonce Isabelle Adenot. Au cours de l’année passée, l’Ordre a en effet comptabilisé 2 465 nouvelles inscriptions. Du jamais vu depuis dix ans.
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