Le Quotidien du Pharmacien. - Dans votre étude sur l’économie des officines en 2015, parue dans le Cahier Fiducial du Pharmacien 2016, vous faites une analyse de la rémunération des gérants et cogérants de sociétés d’officines. Les résultats vous ont-ils surpris ?
Philippe Becker. – Non, nous n’avons pas été vraiment surpris. Nos chiffres cadrent avec une autre étude réalisée par Interfimo, publiée en mars 2016, et qui donne une rémunération moyenne pour cette même population de pharmaciens de 63 000 euros, contre 56 000 euros pour notre étude. L’écart est de 10 %, ce qui est relativement faible. L’étude d’Interfimo indique d’ailleurs que 60 % des rémunérations sont comprises entre 36 000 euros et 80 000 euros. Nous arrivons donc à des conclusions assez proches puisque, dans notre analyse, 58 % des titulaires ont une rémunération comprise entre 36 000 et 87 000 euros.Est-ce une rémunération brute ou nette ?
Philippe Becker. - C’est une rémunération nette, c'est-à-dire que les charges dites des TNS - travailleurs non salariés - sont payées par la société, à part. Bien évidemment, on pourra nous reprocher de ne pas avoir ajouté les dividendes perçus en plus de la rémunération. Mais chacun sait que le concept de rémunération est à géométrie variable. Au cas particulier, notre étude et celle d’Interfimo portent sur ce qui a été décidé par les associés dans le cadre du contrat d’association.On note, sans surprise sans doute, que plus l’officine est de grande taille et plus la rémunération est élevée. N’est-ce pas un mauvais signal envoyé à ceux qui envisagent de reprendre une petite officine ?
Christian Nouvel. - Pas forcément, car notre étude montre aussi que l’évolution de la rémunération n’est pas linéaire. On peut noter, en effet, que la situation se dégrade en période de croissance à l’approche du seuil d’embauche d’un pharmacien adjoint. En milieu rural, par exemple, il y a des officinaux qui se rémunèrent plutôt mieux que la moyenne lorsque les frais fixes sont faibles, et cela même si l’officine est petite.Vous remarquez dans votre étude que 28 % des rémunérations annuelles sont inférieures à 36 000 euros. Là encore, n’est-ce pas décourageant pour ceux qui vont se lancer dans l’acquisition d’une officine ?
Christian Nouvel. - Nous sommes en contact avec les jeunes diplômés et les adjoints, et ils savent bien que, dans les premières années, ils doivent faire des sacrifices et souvent travailler plus pour gagner moins. Mais ils ne sont pas les seuls dans ce cas : l’esprit entrepreneurial, c’est aussi faire des choix pour investir sur le futur et avoir une liberté d’exercice.Philippe Becker. - Actuellement, les jeunes sont surtout effrayés par les annonces répétées et relayées dans la presse sur le nombre de fermetures d’officines. Pour eux, c’est très anxiogène, et cela aura d’ailleurs des conséquences sur l’attrait de la profession.
Bien sûr, la situation économique de la pharmacie française est plus compliquée qu’avant, mais c’est vrai aussi pour bien d’autres professions ou métiers. À trop généraliser et à trop « négativer », les rangs des facultés vont s’éclaircir, et les conséquences sur l’avenir du monde officinal risquent d’être graves.
Dans votre étude, les rémunérations des cogérants sont-elles équivalentes ?
Christian Nouvel. – Oui, l’inégalité de rémunération est très exceptionnelle. Elle n'apparaît que lorsqu’il y a une transition dans le cadre d’un départ à la retraite avec, par exemple, le passage d’un des titulaires à temps partiel.Mais, globalement, la règle « à travail égal, salaire égal » s’applique parfaitement en officine.
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