L’étude de l’INSEE s’appuie sur des données allant de 2009 à 2014. Des années pendant lesquelles « il y avait encore de la croissance », souligne Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Nous étions juste avant le plan d’économies sur trois ans lancé par le gouvernement de Manuel Valls. En effet, entre 2015 et 2017, 10 milliards d’euros d’économies ont été réalisées sur les dépenses d’assurance-maladie, dont près de 3,5 milliards d’euros via des baisses de prix sur les médicaments. À partir de 2015, ces baisses de prix ont augmenté considérablement, rappelle pour sa part Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ces trois dernières années, les économies attendues sur les produits de santé sont 1,5 fois supérieures aux années précédentes. Résultat, l’officine a perdu 300 millions d'euros de marge entre 2015 et octobre 2017, observe Gilles Bonnefond. « Depuis 2015, les revenus des pharmaciens ont diminué et la charge de travail a augmenté, indique le président de l’USPO. Le problème est qu’une profession qui régresse sur le plan économique ne peut pas investir et ne peut pas embaucher. » Selon lui, le nouvel accord conventionnel va permettre aux pharmaciens d’avoir davantage de visibilité.
« La situation se dégrade et elle va continuer à se dégrader car les baisses de prix ne seront pas compensées par l’avenant conventionnel n° 11 », estime au contraire Philippe Gaertner. Au-delà, le président de la FSPF affirme que l’étude de l’INSEE compare des choses incomparables. « Quand un pharmacien exerce en société, qu’il est assujetti à l’IS, la partie rémunération individuelle au titre des salaires n’est pas comptabilisée avec la rémunération du capital, fait-il remarquer. En revanche, pour un titulaire qui exerce en individuel, qui est assujetti à l’IR, tous ses revenus sont mélangés. » Autrement dit, les montants de rémunérations mentionnés dans le rapport de l’INSEE ne sont pas équivalents à ce qui est inscrit en bas de la fiche de paie d’un salarié. « Quand on est assujetti à l’IR, cette somme va aussi servir à réaliser des investissements ou à rembourser les emprunts », souligne Philippe Gaertner.
Gilles Bonnefond précise, lui, que l’enquête ne tient pas compte du temps de travail effectué. « On ne voit pas si le pharmacien travaille 3 ou 4 jours par semaine ou s’il est ouvert 6 jours sur 7 », pointe-t-il. D’autant que les officinaux sont aussi amenés à réaliser des tâches administratives en dehors des heures d’ouverture de la pharmacie. « Cela aurait permis de relativiser les revenus des pharmaciens par rapport à d’autres professionnels de santé qui exercent, par exemple, trois jours par semaine », indique le président de l’USPO.
Quoi qu’il en soit, pour Philippe Gaertner, la publication de cette étude n’est pas le fruit du hasard. « Si on a choisi de la faire sortir en même temps qu’un rapport de la Cour des comptes et juste avant une auto saisine de l’Autorité de la concurrence, ce n’est pas pour rien », pense le président de la FSPF.
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