Activité 2018 des officines

Des résultats plutôt rassurants selon le réseau Exco

Par
Publié le 11/04/2019
Article réservé aux abonnés
Le réseau d’experts-comptables Exco a présenté à Bordeaux les premiers indicateurs de l’activité 2018 des officines. Globalement encourageants, les premiers effets de la réforme de la rémunération, pointent néanmoins une fragilité croissante des petites officines.
Bordeaux

Bordeaux
Crédit photo : P. Jayat

Près de 180 professionnels de la pharmacie se sont pressés à Bordeaux, le 4 avril, pour découvrir en avant-première les indicateurs d’activité 2018 des officines, présentés par le réseau d’experts-comptables Exco*. Établis à partir d’un panel de 400 pharmacies, ces résultats attendus comme la première incidence de l’avenant 11 sur le bilan des officines, semblent plutôt rassurants. Même s’il faut attendre les chiffres 2019 pour se faire une idée plus précise de l’évolution des rémunérations.

Premier enseignement : le chiffre d’affaires moyen 2018 est en progression de 0,97 % sur le plan national (1,91 % en région Grand Ouest) avec, et c’est nouveau, une croissance (1 %) des produits vignettés : « Malgré des baisses de prix, cette hausse s’explique principalement par les sorties de réserves hospitalières, précise Carole Lejas, expert-comptable et présidente de la commission pharmacie du réseau Exco. On remarque aussi que la progression d’activité est proportionnelle à la taille des officines (de 0,78 à 2,15 % selon leur tranche de chiffre d'affaires). »

Fragilités des petites officines

On perçoit en effet la fragilité des petites officines (chiffre d'affaires inférieur à 1,3 million d'euros) dont le chiffre d'affaires régresse en zones rurale (-0,82 %), touristique (-4,35 %) et commerciale (-5,62 %) : « On ne peut s’empêcher d’y voir un manque d’attractivité commerciale lié à la typologie de ces officines, explique Carole Lejas. C’est la première année où ce phénomène se remarque aussi fortement. Ce sont aussi des officines dont l’outil de travail (locaux, personnel) limite les possibilités de s’impliquer dans les nouvelles missions. »**

Le panier moyen national se situe à 36,23 euros, en légère hausse (0,40 %) par rapport à l’an passé, mais ce chiffre recouvre quelques disparités régionales, le panier moyen atteignant 43,96 euros dans le Nord-est. La fréquentation, elle, demeure globalement stable à 4 671 clients mensuels en moyenne.

La marge brute totale équivaut à 31,19 % du chiffre d'affaires. Elle doit sa légère érosion (-0,4 %) à la baisse de la marge (-1 %) sur les spécialités remboursables du fait de la progression de la dispensation des médicaments chers.

Les charges fixes demeurent maîtrisées (6,03 % du chiffre d'affaires). Le ratio masse salariale/chiffre d’affaires (11,75) intègre l’augmentation du point intervenue en janvier. Le CA réalisé par équivalent temps plein demeure stable à environ 288 000 euros.

De même, l’excédent brut d’exploitation (14,34 %) globalement stable, varie en fonction de la zone d’implantation des officines (plus élevé en zones rurales et touristiques) et de la région (14,65 % dans le Grand Ouest, 13,83 % dans la Sud-Est).

Enfin la rémunération du dirigeant (60 926 euros) affiche une progression de 4 % « sans doute liée à l’optimisation réalisée sur 2018, année blanche en matière d’imposition », indique Carole Lejas. On note là aussi d’importantes disparités liées à la région (de 51 113 euros dans le Grand Ouest à 74 888 euros dans le Sud-Est) et à la taille de l’officine (de 39 000 à 72 000 euros).

Évaluer sa pharmacie

Tous ces indicateurs sont mis en ligne gratuitement sur le site pharmexco.fr. Ils permettent ainsi à tout pharmacien de se comparer à ses confrères, selon la typologie de son officine (rurale, urbaine, zone commerciale, zone touristique) ou sa région. D’ici l’été prochain, Exco mettra en ligne Flash’Eval, un nouvel outil qui, à partir d’une simple liasse fiscale et en quelques clics, permettra d’évaluer un fonds de commerce de pharmacie.

Enfin, Exco a conclu sa soirée bordelaise par une présentation de sept start-up***, engagées dans le développement d’outils connectés destinés aux « pharmacies du futur » : « Notre objectif est d’augmenter nos marges et de changer de paradigme, a rappelé Sophie Gillardeau, pharmacienne, créatrice de Ma Pharmacie 3.0. Pour cela, nous devons digitaliser les fonctions qui nous ennuient, pour dégager du temps au comptoir avec le patient, et pour les nouvelles missions. »

* 140 cabinets, 225 experts-comptables, 2 400 professionnels dans 17 pays. Exco conseille en France 900 officines.
** Des résultats proches de ceux présentés par CGP (voir notre édition du 4 avril).
*** Abeilles Éditions, DiabiLive, Pharmonweb, MeSoigner.fr, Resilient Innovation, Meyko, Evedrug.

Patrice Jayat

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3511