C’EST UN MAUVAIS COUP porté à la profession. À l’heure où les syndicats espèrent voir le dossier « rémunération » repris par le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, l’affaire des « 4 000 fraudeurs » tombe plutôt mal. Mais pour Philippe Besset, il s’agit d’une pure coïncidence qui n’a pas à intervenir dans les négociations sur la revalorisation de la marge de dispensation des officinaux. « Ces contrôles sont rigoureusement normaux et ne remettent en aucun cas en cause l’existence ainsi que l’analyse des difficultés économiques du réseau, estime le président de la commission Économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ce constat est d’ailleurs partagé avec l’assurance-maladie et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé. » Ce qui n’empêche pas le syndicat de demander, en urgence, la création « d’une instance de dialogue avec nos éditeurs de logiciel de gestion officinale dont certaines initiatives perturbent la qualité future de notre exercice professionnel ».
« Je suis horrifié par cette communication très rude à l’encontre des pharmaciens, pointant une profession dans son ensemble à partir d’un cas particulier », commente pour sa part Gilles Bonnefond. Pour le président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), les accusations portées sont non seulement injustifiées, mais également absolument disproportionnées. Et faire le lien entre un pharmacien indélicat et 4 000 autres confrères simplement parce qu’ils utilisent le même logiciel, lui paraît être un raccourci un peu rapide. À ses yeux, au contraire, les possibilités de détournements sont plutôt minces dans les officines. « 85 % de notre activité repose sur des transactions électroniques facturées en tiers payant, sans aucun échange d’argent, argumente Gilles Bonnefond. Nous sommes tous informatisés et la plupart des officines sont équipées d’un logiciel de gestion de stock. Enfin, tous nos achats s’effectuent avec des factures et de la traçabilité. Sans parler de notre obligation d’avoir recours aux services d’un comptable. »
Avis partagé par l’Ordre des pharmaciens. Le président de la section A (titulaires), Jean Charles Tellier, rappelle également qu’un seul cas de fraude est pour le moment avéré. En décembre 2009, l’instance a condamné pour ce motif une pharmacienne à six ans d’interdiction d’exercice, dont deux avec sursis, rappelle l’ordinal. « Nous ne manquerons pas de sévir au fur et à mesure de l’avancée des investigations », indique le représentant ordinal. Sans nier l’existence de tels agissements, il estime « peu crédible qu’un cinquième de la profession se soit organisé pour frauder », comme l’avance le parquet de Nîmes. Il faudrait en effet bénéficier, à grande échelle, de la complicité des fournisseurs, et qu’experts comptables et centres de gestion agréés ferment les yeux sur ces irrégularités. « La fraude est un exercice individuel », martèle Jean-Charles Tellier, qui souhaite que de cette crise émerge une certification des logiciels informatiques.
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