Les syndicats, l’Ordre et les étudiants ont été consultés par le ministère de la Santé, le 16 avril, sur l’assouplissement des modalités de la vente en ligne de médicaments. Édouard Philippe, Premier ministre, avait affirmé sa volonté, le 5 mars, d’intensifier la concurrence entre les sites de pharmacies, source potentielle d’économies pour le consommateur.
La première proposition qui consiste à alléger la déclaration du site Internet auprès de l’ARS en échange d’un contrôle a posteriori de sa conformité et du respect des bonnes pratiques, a recueilli l’assentiment des représentants de la profession. À l’inverse, l’idée émise par le gouvernement d’autoriser l'implantation de locaux téléportés dans le département du siège de l’officine a suscité un veto unanime. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), s'oppose « à toute industrialisation de la vente en ligne qui déconnecte le pharmacien de la dispensation au patient ».
Chasser le spectre l’Amazon
Il n’est pas question de fragiliser l’acte pharmaceutique en le scindant. Car l’usage des hangars « reviendrait à déléguer l’expédition du produit à un pharmacien sur une plateforme », redoute le président de l'USPO. Et d’interpeller la profession : « Comment pourrons-nous dans ces conditions continuer à nous défendre contre les plateformes d’Amazon ? »
À propos des plateformes de mutualisation de la vente en ligne, appelées de ses vœux par le Premier ministre, l’USPO est formel : « Oui à la mutualisation en ce qui concerne la gestion du portail en lui-même, mais il ne faut pas aller plus loin. Le portail ne doit pas déboucher sur une plateforme qui mettrait en place une logistique spécifique à Internet, une prise en charge à la fois du back-office et du front office. »
« Attention de ne pas prendre en otage, dans ce système, les petites officines qui subiraient les distorsions entre les prix pratiqués dans le point de vente physique et ceux affichés sur le site », remarque Gilles Bonnefond. Il met par ailleurs en garde contre un autre piège « ces assouplissements concernant les plateformes donneraient de nouveaux arguments à la grande distribution qui veut installer des pharmaciens dans ses points de vente physique ».
Un modèle alternatif
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui projette l’instauration prochaine d’un portail propre à la profession lepharmacien.fr, a pour sa part pris les devants en soumettant au gouvernement un modèle alternatif. Sa contreproposition prévoit d’« intégrer tous les acteurs de la chaîne de distribution du médicament afin de reconstituer celle-ci de manière virtuelle et ce à droit constant ». Ainsi, selon Philippe Besset, son président, ce dispositif confierait aux grossistes-répartiteurs et aux groupements, par le biais de leur SRA et de leur CAP, la mise à disposition sur le site des produits mutualisés. Le pharmacien resterait quant à lui maître de ses achats, de ses ventes, de sa facturation et prendrait en charge la livraison du médicament dans le dernier kilomètre, assure Philippe Besset. « Ensemble, nous serons plus forts qu’Amazon », promet-il.
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