Cyril Tétart est titulaire à Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord. C’est un pionnier de la vente en ligne de médicaments avec son site lasante.net, lancé en décembre 2012. Aujourd’hui président de l’Association française des pharmacies en ligne (AFPEL) – 320 pharmacies ont l’autorisation de vendre des médicaments sur Internet au 25 janvier 2016* – il formule des propositions en faveur de cette activité.
En attendant la publication d’un nouvel arrêté de bonnes pratiques (voir encadré), il souhaite que l’État fasse « un distinguo entre la pharmacie physique et la pharmacie en ligne » en terme de réglementation. « Nous sommes aujourd’hui dans l’obligation d’embaucher un pharmacien tout les 1,3 million d’euros de chiffre d’affaires. Or, sur Internet, nous vendons en moyenne 60 % de parapharmacie et 40 % de médicaments, cette règle est donc absurde pour l’activité en ligne. »
De même, lorsque l’activité en ligne prend de l’ampleur, la partie logistique gagne en importance, alors que la taille des officines est de fait limitée. « Un peu de souplesse concernant l’emplacement de l’entrepôt et la possibilité de mettre en cartons dans celui-ci et non à l’officine faciliteraient notre travail », ajoute-t-il.
L’AFPEL souhaite non seulement rendre la pratique plus aisée, mais aussi bénéficier des mêmes règles que les autres pays européens en terme de communication. Selon la législation en vigueur, le pharmacien français, qu’il ait un site Internet de vente de médicaments ou pas, n’est pas autorisé à communiquer ailleurs que sur son lieu de vente.
Or, Internet ne connaissant pas de frontière, les sites des pharmaciens français sont systématiquement désavantagés par rapport à ceux de leurs homologues étrangers. Dernier exemple flagrant, celui d’une filiale d’un groupe néerlandais qui a distribué des dépliants publicitaires dans des colis de vente par correspondance issus de Zalando.fr ou La Redoute. L’AFPEL fait partie des plaignants, mais il semble que la législation en vigueur n’oblige pas un site étranger à répondre aux mêmes obligations qu’un site français.
Respect de la vie
Le droit à la communication des pharmaciens français fait actuellement l’objet de débats à travers les Assises de la communication récemment lancées par l’Ordre et longtemps réclamées par les groupements de pharmaciens d’officine. Ce droit à la communication permettrait aussi aux officinaux d’expliquer aux usagers qu’ils peuvent acheter des médicaments en ligne en toute sécurité dès lors qu’ils utilisent un site autorisé. L’AFPEL aimerait que le gouvernement s’attelle à ce travail de sensibilisation.
Cyril Tétart veut aller plus loin. Dans le cadre de la dématérialisation des ordonnances, il souhaite que les pharmacies en ligne soient autorisées à dispenser des médicaments sur prescription obligatoire, comme en Suisse ou en Grande-Bretagne. « Comme pour une pharmacie physique, il suffit de mettre en place une réglementation spécifique pour sécuriser cette activité. Il n’y a pas de problème dans les pays l’autorisant. »
Que l’activité se fasse derrière un comptoir ou en ligne, l’éthique doit rester la motivation première du pharmacien. Car, en l’absence de l’arrêté de bonnes pratiques, les pharmacies en ligne ne sont actuellement plus tenues à certaines obligations (information, quantité vendue, promotions, etc.)
Au-delà des règles spécifiques à la vente en ligne, le pharmacien, en tant que professionnel de santé, suit des préceptes déontologiques dans le prolongement du serment de Galien (voir article ci-contre). Au premier plan desquels, il se doit de respecter « la vie et la personne humaine ».
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