La gélule expérimentée par le Pr Kourosh Kalantar-Zadeh et ses collègues (26 mm de long sur 9,8 mm de large) est capable de mesurer en temps réel les quantités d'hydrogène, de dioxyde de carbone et d'oxygène, les données pouvant ensuite être transmises à un téléphone portable. Un groupe de 7 patients, aux consommations variables de fibres, a testé le dispositif.
Les données transmises par les pilules connectées ont montré que le dispositif était capable de transmettre des données précises sur les processus de fermentation à l'œuvre. Ils ont ainsi bien observé une augmentation de la concentration en oxygène, jusqu'au passage du jéjunum et de l'iléon où ce taux s'effondre. C'est également au moment du passage de l'iléon que la concentration en dihydrogène augmente, de même que celle en dioxyde de carbone. Les auteurs affirment qu'ils peuvent également, grâce à cette capsule, évaluer l'état du microbiote intestinal, et ce de façon plus directe et fiable que par le prélèvement fécal.
Une première découverte a été rendue possible par cette expérimentation : « l'estomac sécrète un agent oxydant en réponse à l'introduction de corps étrangers qui restent dans l'estomac un temps anormalement long, résume le Pr Kalantar-Zadeh. Il pourrait s'agir d'un mécanisme de défense immunitaire qui n'avait jusqu'à présent jamais été répertorié. »
De l'oxygène dans le côlon
Une autre observation inédite : la présence de fortes concentrations d'oxygène dans le côlon des personnes ayant un régime riche en fibres, ce qui « contredit la vieille croyance qui veut qu'il n'y ait jamais d'oxygène dans le côlon », affirme le Pr Kalantar-Zadeh, qui estime que cette nouvelle donnée « pourrait nous aider à mieux comprendre le fonctionnement de plusieurs maladies comme le cancer du côlon ». Les auteurs ont aussi noté que la pilule passait plus rapidement l'intestin grêle des patients ayant un régime riche en fibres, ces derniers présentant une meilleure motilité intestinale.
Dans un communiqué du MRIT, l'équipe de recherche affiche sa volonté de commercialiser ce nouveau dispositif et a cofondé pour cela la start-up Atmo Bioscience. Un essai de phase II chez l'humain est d'ores et déjà prévu, cette fois chez des patients souffrant de pathologies chroniques de l'intestin comme le syndrome du côlon irritable, prolifération bactérienne intestinale (SIBO) ou les troubles de l'absorption intestinale. Les auteurs estiment que leur pilule connectée permettrait d'évaluer l'origine de ces troubles et de mesurer l'effet d'un traitement ou d'un changement de régime alimentaire.
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