« IL S’AGIT juste de référencer des produits en plus. Je suis prêt », lance Cédric O’Neill, un peu déçu de s’être fait doubler à l’approche de la ligne d’arrivée par son collègue caennais, Philippe Lailler, qui a lancé son site le 14 novembre (voir « le Quotidien » du 22 novembre). Encore stupéfait, il commente : « Je m’étais renseigné auprès de l’Ordre. On m’avait signifié que vendre des médicaments par Internet n’est ni autorisé, ni illégal en raison du vide juridique, mais également mis en garde. Je suis donc de près l’expérience de Caen pour voir comment l’Ordre réagit à cette initiative. Les syndicats y sont opposés, mais l’Ordre semble plus nuancé. »
Depuis le 15 octobre, les internautes peuvent déjà trouver sur 1001pharmacies.com, basé à Montpellier, leur crème Avène, leur déodorant Vichy, des vitamines… Ils se font ensuite livrer ou se déplacent au comptoir. L’officine partenaire reverse un pourcentage sur le montant des ventes et rentabilise en jouant sur l’effet volume. L’opération est donc gagnante pour le client car « les prix sont proches de ceux affichés par les sites Internet spécialisés en parapharmacie », pour le pharmacien qui est présent sur la toile « sans avoir à s’occuper des référencements et du suivi informatique »… et pour 1001pharmacies.com, souligne ce jeune pharmacien, frais émoulu de la pharmacie de Montpellier.
« Mais la carte essentielle que nous avons à jouer est celle du médicament. Une partie du marché des médicaments vendus sans ordonnance devrait se déporter sur Internet, soit environ un demi million d’euros », estime Cédric O’Neill, qui a créé 1 001pharmacies.com avec Sabine Safi, diplômée de l’ESC Toulouse et spécialisée en marketing. L’officine partenaire rémunérera le site grâce à un abonnement de l’ordre de dix à vingt euros par mois. Les produits en vente libre pourront être livrés, mais, pour les médicaments sur prescription, « les clients devront se rendre dans la pharmacie choisie sur le site avec leur ordonnance. Ils recevront un SMS dès que la commande est prête », explique Cédric O’Neill.
Fédérer les pharmacies.
Leur concept : « mutualiser et donner aux pharmaciens le moyen d’accéder à cet outil, alors que la création d’un site brut sans fonctionnalités revient à 3 000 ou 4 000 euros. » Pour l’instant, la vingtaine d’officines partenaires sont surtout languedociennes, comme celle de Castelnau ou de Lunel. « Cela m’a permis de tester, mais ce maillage est insuffisant », explique Cédric O’Neill. « Nous misons sur le professionnalisme. Nous mettrons les notices en ligne ainsi qu’un questionnaire médical à remplir par le client. Nous envisageons aussi la possibilité de faire appel à un médecin pour rédiger des conseils et les patients pourront appeler le pharmacien. Les médicaments seront envoyés par colis scellé », explique Cédric O’Neill qui souligne au passage que Bruxelles est favorable à ce développement. La cour de Justice des communautés européennes avait déjà, en 2003, affirmé la légalité de la vente par Internet de médicaments non soumis à ordonnance (arrêt DocMorris). Un texte que les créateurs de pharmacies ont épluché en détail.
Le jeune pharmacien répond d’ores et déjà aux critiques : « Nous sommes adossés à des officines. Le pharmacien est le spécialiste du médicament et doit le rester. Il ne s’agit en aucun cas de faire de la vente à tout prix. Dans le cas de médicaments en vente libre, le nombre de boîtes sera limité à trois et, pour les autres, au libellé de l’ordonnance. Certains font valoir le risque de contrefaçons. Mais en favorisant une offre légale, on réduira l’illégal. » Il est d’ailleurs favorable à une labellisation par l’Ordre « afin d’homologuer les sites qui respectent la déontologie et de permettre aux clients de mieux les identifier ».
Cédric O’Neill et Sabine Safi estiment leur seuil de rentabilité à deux millions d’euros et se fixent un objectif de huit millions d’euros. 1 100 pharmacies.com dispose par ailleurs de subventions européennes et régionales. La jeune société compte également lever des fonds. Deux investisseurs montpelliérains sont présents depuis le départ de l’aventure et ils espèrent récolter 50 000 à 100 000 euros d’ici au 15 décembre.
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