EN FRANCE, la vente de médicaments sur Internet n’est pour l’heure, ni autorisée ni interdite. Certains officinaux ont profité de ce flou juridique pour d’ores et déjà commercialiser des spécialités en ligne. Depuis la mi-novembre, la pharmacie de la Grâce de Dieu, à Caen (Calvados), propose d’acheter directement sur son site pharma-gdd.com quelque 300 médicaments dotés d’une AMM* (« le Quotidien » du 22 novembre). « Cette nouvelle offre fait partie du développement naturel d’une officine », estime son titulaire, Philippe Lailler, qui s’est entouré de trois juristes pour bien border son projet. « Sur notre site, nous avons mis des garde-fous. Peut-être faut-il en mettre davantage, indique-t-il. Je suis prêt à en discuter. Mais ce que je souhaite, c’est que ça bouge. Il n’est pas normal qu’en France on ne puisse pas commander un médicament en ligne, alors que c’est autorisé dans de nombreux pays européens. » De son côté, Cyril Tetard, de la pharmacie du Bizet, à Villeneuve-d’Ascq (Nord), a créé son site lasante.net, qui propose des médicaments pouvant être achetés sans ordonnance et non remboursés par l’assurance-maladie, ainsi que des produits de parapharmacie.
Autre candidat à la vente de médicaments sur la Toile, le site 1001pharmacies.com. Son originalité : il n’est pas adossé à une officine, mais à plusieurs. L’idée est de « mutualiser et de donner aux pharmaciens le moyen d’accéder à cet outil, alors que la création d’un site brut sans fonctionnalité revient à 3 000 ou 4 000 euros », explique l’un de ses concepteurs, Cédric O’Neill (voir également « le Quotidien » du 29 novembre). Pour l’heure, le site ne commercialise que de la parapharmacie. Mais ses créateurs aimeraient bien que le cadre juridique de la vente de médicament soit rapidement fixé. « Près de 10 millions de Français ont déjà acheté des médicaments contrefaits sur Internet, un chiffre en constante augmentation, souligne l’autre fondatrice de 1001pharmacies.com, Sabine Safi. Face à ce fléau de santé publique, il est urgent que la France fasse évoluer sa position quant à la vente en ligne de médicaments. Le statu quo actuel est clairement dangereux, insuffisant et inefficace. » Quoi qu’il en soit, pas question pour Cédric O’Neill et Sabine Safi d’aller plus vite que la musique. « Si le « oui » venait à l’emporter officiellement et légalement, alors 1001pharmacies proposerait à toutes les pharmacies de France de vendre en ligne ces médicaments PMF**. Nous nous attachons à démocratiser l’e-commerce pour les pharmaciens. Nous ne menons pas d’action lobbyiste, mais soyons cohérents dans notre démarche : si certains pharmaciens peuvent vendre de la PMF en ligne, nous ferons en sorte que cela soit possible, et simple, pour tous les officinaux intéressés », affirment-ils.
**Prescription médicale facultative.
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