S’ADAPTANT à la demande croissante de solutions de dépistage, des sociétés proposent des tests rapides et efficaces. Inutile désormais pour les parents anxieux, guettant le moindre signe suspect chez leur enfant, de fouiller leur chambre ou de renifler leurs vêtements. Des tests de salive, de sueur, d’urine : tout est disponible sur Internet.
Vendu 8,90 euros sur www.test drogues.fr, le test Narcocheck de prédosage est le premier test urinaire apportant une indication de quantité. Les parents pourront mener un réel suivi de la consommation de leur enfant. Ils pourront, par exemple, suivre la régression du taux de stupéfiants dans les urines au fur et à mesure d’un sevrage grâce à ses trois seuils de détection. Le principe est simple : il suffit de plonger l’outil dans les urines pour mesurer la concentration de THC (tétrahydrocannabinol, la substance active du cannabis). La consommation est ensuite estimée à l’aide de trois paliers : le premier indique un faible niveau de concentration, le deuxième un niveau de concentration significatif et le troisième une forte concentration.
Bien que certains y voient un moyen pour les parents de « fliquer » leur enfant, au risque de rompre la confiance parent-enfant, déjà souvent fragile durant l’adolescence, ces tests serviraient avant tout, à en croire leur diffuseur, à « faire le point avec soi-même », à « évaluer un degré d’urgence » et à « suivre l’évolution d’une consommation ou la progression d’un sevrage ».
Frédéric Rodzynek, le fondateur et dirigeant de testdrogues.fr, affirme, dans un entretien au magazine « PsychoEnfant », que ce sont souvent les consommateurs eux-mêmes qui souhaitent se dépister, en vue d’une pré-embauche ou parce qu’ils occupent des postes à risque. Quant aux parents qui seraient désireux de voir leur enfant faire le test, il leur recommande de jouer « carte sur table » et de ne « jamais faire ce test par surprise la première fois » pour que l’enfant ne se sente pas trahi. « C’est aux parents d’expliquer ce qu’est la drogue, d’avertir du danger mortel que cela représente et de poser des interdits », ajoute-t-il.
Doutes éthiques et techniques.
À l’instar de Frédéric Rodzynek, le Dr Marc Valleur souligne l’utilité de tels tests « pour des gens qui vont avoir un examen médical d’embauche et qui sont désireux de savoir s’ils n’ont plus aucune trace dans leurs urines ». La comparaison s’arrête là. En effet, le psychiatre et chef de service au centre de soins des pratiques addictives de Marmottan « craint que le marketing des tests antidrogue n’induise une paranoïa tout à fait inutile », d’autant que « les gens ont déjà assez peur des drogues ». Sa collègue et docteur en psychologie sociale, Élizabeth Rossé, dont la thèse porte sur les consommations de drogues en milieu festif, estime quant à elle que « ces tests de dépistages sont hautement condamnables sur les plans déontologique et éthique » car « déficients sur le plan technique » et « douteux sur le plan juridique ».
Psychologue et spécialiste des questions relatives aux drogues, Pascal Hachet juge, lui aussi, la démarche risquée. Il compare d’ailleurs ces tests aux tests de grossesse dans les années 1950, lorsque les parents voulaient vérifier si leur fille avait fauté et éviter qu’elle n’ait recours à un avortement interdit. Il considère que ces tests risquent d’endommager les liens qui existent au sein de la famille et recommande le dialogue. « Plutôt que de menacer de dépistage, on explique sa position, on l’argumente, tout comme pour les questions de sortie », conclut-il.
Autre problème, si le fabricant affirme que son test est fiable à 98 %, les médecins se montrent plus circonspects. « Il faut toujours rattacher le taux de cannabis détecté à la quantité d’urine. Or, suivant les moments, l’urine peut être plus ou moins concentrée, indique au Figaro.fr le Dr Michel Reynaud, chef de service du département psychologie et addictologie de l’hôpital Paul-Brousse. Le patient peut aussi en émettre en plus ou moins grande quantité. Il y a donc des chances que le test soit assez peu fiable. » Les tests sont décevants car il y a des « faux positifs et des faux négatifs », confirme au « Quotidien » le Dr Michel Mallaret, président de la commission nationale des stupéfiants de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). Seuls les dosages réalisés par les laboratoires d’analyses médicales offrent des résultats sûrs, estiment les praticiens.
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