Utiliser des avatars numériques pour aider les malades schizophrènes à se débarrasser des « voix » qui habitent leur tête, tel est le projet mis en œuvre sous la forme d'un traitement innovant testé sur 75 patients par des chercheurs anglais.
Les premiers résultats de leurs travaux sont parus vendredi dans la revue « The Lancet Psychiatry ». En pratique, les psychiatres ont d'abord mis au point des doubles numérisés et personnifiés de soixante-quinze patients. En clair, des visages parlants - censés représenter leur double intérieur - avec lesquels les malades peuvent dialoguer par l'intermédiaire d'un écran d'ordinateur. Exemple de dialogue ? « Tu ne vaux rien ! » lance un visage d'homme virtuel sur l'écran. « Tu peux t'en aller, s'il te plaît ? » lui répond la femme assise devant l'ordinateur. Au fur et à mesure que le dialogue progresse, la voix de la patiente se fait plus ferme jusqu'au « Je ne vais plus t'écouter ! » Et c'est là tout l'intérêt de la démarche. Redonner de l'assurance aux patients schizophrènes confrontés aux influences délétères de leur voix intérieure. Il faut en effet savoir qu'environ deux tiers des schizophrènes entendent des voix imaginaires qui, souvent, les insultent ou les menacent. Les avatars informatiques permettent aux malades de matérialiser ces ennemis intérieurs pour mieux les combattre, voire les dominer. Sur les 75 patients traités ainsi durant 3 mois (en plus de leur médicament habituel), seulement 7 d'entre eux ont complètement arrêté d'entendre des voix (contre deux dans un groupe témoin). Les résultats de cet essai ne sont certes pas encore spectaculaires, mais toutefois prometteurs, assurent les experts.
Le virtuel pour rendre plus réelle une menace imaginaire, il fallait y penser.
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