Le Quotidien du pharmacien.- Êtes-vous surpris par l'ampleur de la contestation contre le projet de loi qui prévoit d'assouplir les règles de la vente en ligne de médicaments ?
Cyril Tétart.- Je comprends qu'il y ait de l'inquiétude sur ce sujet mais, avec ce projet de loi, il n'est pas question de laisser Amazon vendre des médicaments. Il s'agit de permettre aux pharmaciens qui le veulent d'exercer ce service dans de bonnes conditions. Aujourd'hui, une officine située dans une zone très urbanisée ne peut pas le faire, elle n'a pas assez d'espace, ni pour la logistique ni pour le back-office. Si l'on autorise les entrepôts déportés, il faudra bien sûr que cela soit encadré, mais cela est indispensable pour que la vente en ligne puisse se développer. Si notre législation est trop contraignante, cela profitera à des entreprises d'autres pays européens qui profiteront sans problème des difficultés des sociétés françaises. Il ne faudra pas s'étonner si dans quelques années une pharmacie en ligne comme Newpharma parvient à faire 500 millions d'euros de chiffre d'affaires dans notre pays.
Comment se porte le marché de la vente en ligne de médicaments en France en 2020 ?
Selon les chiffres de l'Ordre, il y a environ 600 sociétés de vente en ligne de médicaments en France et, depuis trois ans, aucun nouvel acteur important n'est arrivé. La vente en ligne de médicaments représente moins de 25 millions d'euros de chiffre d'affaires par an, soit moins de 1 % du marché global. Quand j'ai lancé ma société, en 2012, j'étais souvent contacté par des confrères qui voulaient des conseils sur le sujet ; aujourd'hui cela n'arrive pratiquement plus. Il y a plus de pharmaciens qui décident de fermer leur site que d'officinaux qui cherchent à en créer un. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a aucune communication sur le sujet. Beaucoup se rendent compte également à quel point il est coûteux et compliqué d'avoir un site Internet, ils ne veulent tout simplement pas s'embêter avec ça.
Selon vous, la demande des patients est-elle de plus en plus forte dans ce domaine ?
Il y a un vivier, un nombre constant de personnes qui commandent depuis des années sur les sites des pharmacies en ligne. On entend souvent dire que la vente sur Internet c'est la fin du conseil pharmaceutique. Lorsque j'envoie un mail à un patient, je dois étayer mon propos, j'apporte un conseil peut-être encore plus précis que lorsque je suis au comptoir. Ceux qui ont essayé sont satisfaits et reviennent, mais comme très peu de gens savent que l'on peut acheter des médicaments en ligne, nous avons relativement peu de nouveaux clients.
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