LA VAGUE des objets connectés n’en finit pas de créer des remous au sein des communautés médicales, déjà passablement secouées par l’irruption des technologies numériques dans la santé. D’une certaine manière, les objets connectés concrétisent la naissance d’une véritable médecine personnalisée selon le profil génétique de chacun, espoir rendu tangible par la e santé. Il ne s’agit plus alors de soigner une pathologie, mais une personne. Et mieux encore, de la maintenir en bonne santé. Quoi de plus simple, dès lors que l’on possède tout un ensemble d’objets qui permettent de suivre très précisément les données physiologiques médicales et moins médicales de tout un chacun, et qui permettent d’émettre des conseils, voire des alertes, quand les informations remontées par les dits objets révèlent un risque précis ? Ce faisant, les objets connectés bousculent bien des habitudes chez les médecins, et posent des questions délicates, auxquelles l’Atelier BNP Paribas a tenté de répondre au cours d’un colloque organisé à Paris le 19 mars dernier.
Les médecins ne sont pourtant pas tout à fait en première ligne de la e santé. Dans l’immédiat, c’est l’hôpital, qui dans le cadre de pathologies lourdes est le point de départ des parcours de soins qui permettront de prendre en charge les patients hors du milieu hospitalier : dès leur sortie, auxiliaires de santé, médecins et pharmaciens de ville, et l’entourage de ces patients, peuvent s’organiser et partager les données qui permettront une prise en charge à la fois plus adaptée et moins coûteuse, jusqu’à obtenir un taux de mortalité divisé par deux, estime Béatrice Falize-Mirat, Directrice des affaires publiques et réglementaires de Orange Healthcare. La priorité du monde de la santé et des autorités publiques est donc de gérer au mieux ce parcours de soins. Mais, qu’ils rentrent dans ce cadre précis de parcours de soins, ou même indépendamment, puisque les objets connectés s’adressent à tout le monde, il appartient aux médecins de se positionner face à ces nouvelles façons de pratiquer.
Faut-il appréhender la technologie elle-même ?
La première question qui se pose est de savoir si face à la numérisation croissante de la santé, les médecins vont devoir d’une manière ou d’une autre appréhender la technologie elle-même. Cela ne sera heureusement pas nécessaire. Néanmoins, pour Lionel Reichard, expert e santé, il leur faudra apprendre à contextualiser et à interpréter les données qui auront été au préalable traitées par les ordinateurs. Il leur faudra ensuite partager ces données : la santé connectée et les parcours de soin, c’est tout sauf l’exercice solitaire de la médecine ce à quoi ils sont pourtant habitués depuis longtemps. Et il leur faut déjà faire face à des patients qui ont acquis une connaissance grâce à la e santé, des patients très friands de mobilité, qui sont en mesure d’utiliser les objets connectés dans une volonté de prévention ou de suivi. Du reste, de multiples solutions voient le jour qui ne passent pas forcément par le médecin. Ainsi en est-il de Betterise, un programme de coaching personnel présenté par Christophe Brun, co fondateur de la société du même nom. Un programme auquel la contribution des médecins a été très importante, affirme-t-il, et qui permet à tout un chacun, par le biais d’une application mobile qui a enregistré au préalable les données propres à chaque individu, de définir un ensemble d’actions et de comportements afin de maintenir une bonne santé. La société a vendu une licence de cet outil à une compagnie d’assurances. Un programme conçu pour l’essentiel par des médecins mais dont le modèle économique leur échappe totalement.
Le médecin, c’est aussi le destinataire de tout un ensemble de vastes mouvements qui impliquent la sphère high-tech, médicale et la sphère réglementaire, des mondes qui ont du mal à communiquer ensemble. Mais de leur coopération dépend l’avenir de la e santé. L’un des principaux enjeux de cette coopération est le « big data », cette notion chère aux informaticiens qui permet de gérer des volumes immenses de données, en perpétuel mouvement. Or, les objets connectés de santé vont alimenter ces bases de données de façon significative. D’où la problématique de leur ouverture et de leur sécurité, à un moment où les géants mondiaux de la high-tech en maîtrisent la technologie tandis que les autorités réglementaires avancent doucement. Trop doucement, estiment les participants au colloque de BNP Paribas.
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