PIONNIER des ventes par correspondance, l’Allemand Doc Morris, détenu aujourd’hui par le Suisse Zur Rose, invente régulièrement des systèmes complexes pour tenter de contourner l’interdiction de faire des remises sur les médicaments de prescription, mais se fait condamner chaque fois par les tribunaux, à l’initiative des pharmaciens traditionnels. La semaine dernière, Doc Morris vient de subir deux nouveaux revers juridiques, toujours en raison des remises plus ou moins déguisées sur les prescriptions qu’elle propose à ses acheteurs. Ces nouveaux déboires juridiques s’ajoutent à une liste déjà impressionnante de condamnations, qui finissent par coûter cher à l’entreprise.
De 2010 à 2012, Doc Morris avait déjà proposé des « boni » sous forme de bons d’achats de 20 euros à ses clients, et a été condamné plusieurs fois pour ces pratiques : les centaines de milliers d’euros d’amendes et de frais de justice qu’elle a dû verser n’ont pas vraiment compensé le résultat commercial peu concluant de ces initiatives. Début 2013, Doc Morris innovait en lançant des « questionnaires pharmaceutiques virtuels » : si les patients qui commandaient un médicament acceptaient de répondre à un certain nombre de questions, ils recevaient en échange un bon d’achat de 15 euros… très vite considéré par l’Ordre des pharmaciens de Rhénanie comme une remise déguisée. Pour cette raison, le tribunal de Cologne a donc interdit cette pratique à la fin de l’année dernière. Mais il en faut plus pour que Doc Morris ne s’avoue définitivement vaincu. Cette année, il a fait encarter des bons de réduction dans le magazine distribué aux adhérents de la caisse de maladie du personnel du groupe Siemens (rappelons qu’en Allemagne, les grandes entreprises disposent souvent de leur propre caisse de maladie)… bons qui ont été là aussi envoyés par l’Ordre de Rhénanie au tribunal de Cologne, lequel a, une nouvelle fois, jugé la pratique illégale. En outre, il a condamné au passage la caisse Siemens à une amende, car elle aurait dû savoir elle aussi, en tant qu’organisme légal d’assurance-maladie, que les boni sur les prescriptions sont interdits.
Bons d’achat contre ordonnances.
Enfin, il y a quelques jours, le même infatigable tribunal de Cologne a condamné une nouvelle initiative de Doc Morris, qui invitait cette fois ses clients à lui envoyer des copies de leurs ordonnances, même déjà honorées ailleurs, afin d’en faire des « études statistiques ». En échange, Doc Morris proposait des bons d’achat sur les commandes suivantes, pratique une nouvelle fois jugée illégale.
Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la prochaine trouvaille de la pharmacie virtuelle, alors même que les autres grandes officines virtuelles rivalisent elles aussi d’imagination pour devenir enfin concurrentielles en matière de prescription. Car, et c’est bien le nœud du problème, les pharmacies virtuelles n’ont comme seul argument réel que les prix, mais elles ne peuvent le faire valoir que pour les OTC. Tant qu’elles n’auront pas trouvé la martingale qui leur permettra d’assurer leur fortune sur le marché des prescriptions, elles devront se contenter - comme dans les autres pays européens ou les ventes de prescriptions sont autorisées -, d’y faire une pâle figuration, et ne pourront réellement s’appuyer que sur les seuls médicaments vendus librement.
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