Dès l’annonce de l’accord, les organisations professionnelles de pharmaciens ont exprimé leur énorme soulagement à la lecture de ce document qui, prévoit, parmi des centaines de mesures, l’interdiction de ces ventes. Cerise sur le gâteau pour les pharmaciens, le futur ministre de la santé devrait faire partie de la CDU, traditionnellement plus proche des professionnels libéraux, et notamment des pharmaciens, que le parti social-démocrate SPD, qui avait pourtant réclamé ce poste pendant des mois. Jens Spahn, expert de la CDU pour les questions de santé, devrait normalement, obtenir ce portefeuille. Il est bien connu des pharmaciens, qu’il a régulièrement défendus dans le dossier des ventes par correspondance.
Rappelons que les ventes de prescriptions par correspondance depuis l’étranger, associées à d’importants rabais, ont été autorisées par l’Allemagne suite à un arrêt de la Cour de Justice européenne qui, le 19 octobre 2016, les a déclarées licites, dès lors qu’elles le sont aussi sans rabais, ce qui est le cas en Allemagne. Doc Morris, grand vainqueur de cet arrêt qui portait sur ses ventes en provenance des Pays-Bas, avait commencé le même jour à inonder l’Allemagne de publicités pour inciter les consommateurs à commander des prescriptions via sa pharmacie virtuelle de Heerlen, du côté hollandais de la frontière. Il leur propose depuis, comme le font aussi d’autres pharmacies hollandaises en ligne, d’importants rabais rendus possibles par la différence de prix et de TVA existant entre les deux pays.
Vent de panique
Depuis plus d’un an, un véritable vent de panique avait saisi les pharmacies allemandes, d’autant que ces ventes, surtout pour les renouvellements de prescriptions liées à des maladies chroniques, ont bondi dès le début de 2017. Afin de « protéger les pharmacies locales », le ministre sortant de la Santé, Hermann Gröhe, avait préparé au printemps dernier un projet de loi pour interdire toute vente de médicaments de prescription par correspondance, avec ou sans rabais, depuis l’Allemagne comme depuis l’étranger. Cette formule est en effet le seul moyen d’éviter ces ventes tout en restant en conformité avec le droit européen. Mais le SPD a refusé de s’associer à ce texte, qui est resté bloqué en commission de la Santé du Bundestag, où il est justement majoritaire. Ce parti, d’abord hostile à ces ventes, avait en effet revu sa position, en considérant qu’elles pouvaient diminuer les coûts des médicaments, pour les patients comme pour l’assurance maladie. Les pharmaciens se sont défendus par de nombreuses actions de sensibilisation de la population et des élus, afin de rappeler que ces ventes, loin de profiter aux patients, allaient avant tout dégrader la qualité de la distribution et du service, mais aussi désorganiser totalement le tissu officinal du pays.
L’annonce de l’accord entre les deux partis amène donc les pharmaciens, comme l’écrivait l’un d’entre eux sur un forum professionnel mercredi dernier, à « sortir le champagne et les gâteaux ». Il constitue en revanche une véritable catastrophe pour les pharmacies virtuelles. En effet, alors qu’elles s’étaient arrogé plus de 11 % du marché des OTC ces dernières années, elles « plafonnaient » péniblement à quelques dixièmes de pourcents avec les médicaments prescrits avant l’automne 2016, et avaient vu ensuite leur activité augmenter rapidement dans ce secteur. La nouvelle loi - qui devra toutefois encore être votée par les parlementaires - pourrait donc, dès sa promulgation, remettre les pendules à l’heure, cette fois en faveur des officinaux, enfin rassurés sur leur avenir.
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