« CE MICROSCOPE sur téléphone mobile détecte rapidement la quantité de vers parasites Loa loa dans le sang, ce qui permet aux professionnels de la santé de prendre des décisions thérapeutiques potentiellement salvatrices sur les lieux des soins », explique au « Quotidien » le Pr Dan Fletcher, bio-ingénieur a l’université californienne de Berkeley. « Le dispositif utilise la camera du téléphone pour prendre une vidéo agrandie d’un échantillon sanguin, et la vidéo est ensuite analysée via le téléphone afin de détecter la présence des larves parasitaires ».
De nombreux programmes de traitement de masse à l’ivermectine menés dans les communautés d’Afrique Centrale pour éradiquer l’onchocercose (cécité des rivières) et la filariose lymphatique (éléphantiasis) ont été suspendus. Ce traitement peut en effet provoquer des réactions sévères, potentiellement fatales, chez les personnes coinfectées par la filariose à Loa loa et porteuses de taux élevés de microfilaires (ou larves) dans le sang.Afin de relancer ces efforts, l’équipe de Fletcher, en collaboration avec des chercheurs américains, français et camerounais, a conçu un accessoire de smartphone capable de dépister rapidement le taux de microfilaires de Loa loa dans une goutte de sang prélevée par simple piqûre du doigt. Un iPhone se glisse sur un boîtier microscope (créé avec l’aide d’une imprimante 3D), alimenté par un port USB, de sorte que la lentille de l’appareil photo du téléphone soit alignée sur l’échantillon sanguin, glissé lui aussi dans le boîtier.Avec une seule touche sur l’écran du téléphone, un algorithme de traitement de l’image analyse la vidéo des larves qui se déplacent dans le sang, et quantifie leur nombre en moins de deux minutes. Aucune préparation du sang n’est requise, ce qui réduit le potentiel d’erreur et de perte d’échantillon. Ainsi, les professionnels de santé peuvent facilement utiliser ce dispositif sans grand entraînement.
Une étude pilote, menée au Cameroun, auprès de 33 patients potentiellement infectés, montre que le CellScope est aussi fiable que les méthodes standards de comptage manuel sur goutte épaisse, et identifie correctement les personnes porteuses de microfilaires au-dessus d’un certain seuil à risque (avec une spécificité de 94 %, et sensibilité de 100 %). « Le dispositif sera évalué plus amplement auprès de 40 000 personnes au Cameroun dans une étude qui débutera cette année sous la direction du Dr Boussinesq, de l’Université de Montpellier en France) », précise le Pr Fletcher.
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