Au tout début du XXe siècle, le criminologue Alphonse Bertillon imposait en France une nouvelle technique d'identification utilisant les empreintes digitales. Depuis, et jusqu'à aujourd'hui, la dactyloscopie a permis de mettre sous les verrous bon nombre de brigands. La méthode, largement éprouvée et plusieurs fois perfectionnée, est certes fiable. Encore faut-il que les suspects aient oublié leurs gants… Une condition dont pourrait bien s'exonérer une prochaine technique d'identification criminelle. Dans une étude récemment parue dans les « Comptes rendus de l'académie nationale des sciences » (PNAS), des chercheurs assurent que l'analyse chimique de votre téléphone portable permet d'établir assez précisément des profils personnels, et pourquoi pas dans le cadre d'enquête criminelle. Pieter Dorrestein, professeur à la faculté de pharmacie de l'université de Californie à San Diego, principal auteur de l'étude, explique qu'il a pu reconstituer le mode de vie des 39 participants en échantillonnant les molécules sur leurs téléphones portables. « On peut imaginer un scénario dans lequel des enquêteurs arrivent sur les lieux d'un crime et trouvent des objets personnels comme un téléphone portable, un stylo ou une clé sans empreinte digitale ou ADN se trouvant dans une banque de données de la police… les laissant sans aucune piste », explique-t-il. L'idée, c'est d'identifier le maximum de molécules présentes sur l'objet et comparer cette empreinte moléculaire à celle des mains du suspect. Les chercheurs ont donc fait des prélèvements sur quatre endroits des téléphones portables et huit points sur la main droite des participants, puis ils ont identifié par spectrométrie de masse les molécules retrouvées sur ces échantillons.
« En analysant les molécules laissées sur leur téléphone portable, on a pu ainsi dire s'il s'agissait d'une femme, qui utilise des produits cosmétiques chers, teint ses cheveux, boit du café, préfère la bière au vin, aime des aliments épicés, est soignée pour une dépression, porte des lunettes de soleil et recourt aux insecticides, passant probablement de ce fait beaucoup de temps à l'extérieur… », rapporte Amina Bouslimani, co-auteur de ces travaux.
Sherlock Holmes, le roi de l'indice, aurait-il trouvé son maître dans le spectromètre de masse ? Moléculaire, mon cher Watson !
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