Le Quotidien du pharmacien. Vous prônez l’ouverture du capital des pharmacies. Pour quelles raisons ?
Jérôme Gobbesso. L’ouverture du capital est une avancée logique. Aujourd’hui la pharmacie, et je ne parle pas seulement de la pharmacie en ligne, a besoin de capitaux. Un jeune pharmacien qui veut s’installer doit s’endetter sur 10 ou 15 ans, alors que la vision de la pharmacie à 10 ans est impossible à prévoir, c’est donc un investissement qui fait peur. Avec l’ouverture du capital, le jeune pharmacien peut accéder à des capitaux et être accompagné par des gens prêts à prendre des risques avec lui. De même pour les pharmaciens qui prennent leur retraite et doivent revendre leur fonds de commerce, les chaînes de pharmacie peuvent les y aider. À mes yeux, il n’est pas logique que seuls les pharmaciens puissent être actionnaires, alors même que leur cursus universitaire, en tout cas en Belgique, ne comprend aucun cours de management, de marketing, de finances. Alors qu’un coiffeur qui veut se mettre à son compte doit avoir un certificat en management, les étudiants en pharmacie à la fin de leurs études sont incapables de lire un compte de résultat. Donc, en s’associant à des personnes dont c’est le métier, cela ne peut qu’aller mieux. La fermeture aux capitaux extérieurs empêche le développement de la pharmacie de demain.
Pourquoi êtes-vous aussi favorable à la fin du monopole officinal ?
Je n’ai pas dit que j’y étais favorable mais que ça va arriver. C’est déjà le cas dans nombre de pays comme l’Italie ou les Pays-Bas. L’Europe veut améliorer la circulation des biens et des services d’ici à 2020 et la pharmacie est dans le collimateur. Pour moi c’est inéluctable et il faut s’y préparer.
Dans une interview, vous avez expliqué vouloir accéder au dossier pharmaceutique des pharmaciens français. Comment comptez-vous y arriver ?
Il y a eu une incompréhension. Je parlais d’un acteur hollandais qui a obtenu l’accès aux outils des pharmaciens allemands, et du fait que nous ne pouvions rester à la traîne. C’est pourquoi nous souhaitons effectivement accéder aux outils des pharmaciens belges, et par la suite aux outils des pharmaciens français. À partir du moment où la libre circulation des biens et des services sera effective pour les produits pharmaceutiques, nous en ferons la demande. Demande qui sera certainement refusée par le régulateur français ; nous nous tournerons donc vers l’Europe. Lorsque la vente en ligne de médicaments de prescription médicale obligatoire sera autorisée, la France ne pourra se limiter à ses acteurs français. Il faut prendre les devants.
Newpharma réalise un tiers de ses ventes en France où il s’affiche comme le leader de la pharmacie en ligne. Comment expliquez-vous cette réussite ?
Il y a plusieurs facteurs. C’est la loi du pays dans lequel on est installé qui s’applique, et en Belgique la vente en ligne de médicaments est autorisée depuis 2009. Nous vendons des médicaments en France depuis 2009 et c’est parfaitement légal. La vente sur Internet demande beaucoup de capitaux et en France le capital des pharmacies étant réservé aux seuls pharmaciens, ils n’ont pas les capitaux nécessaires au développement d’une offre en ligne. Je comprends la réaction des pharmaciens, les nouveautés font toujours peur. Mais il faut prendre ces évolutions comme une opportunité et surfer sur la vague.
Vous cherchez à étoffer votre équipe de cinq pharmaciens et deux assistants en pharmacie. Où en êtes-vous ?
Nous en avons recruté deux, nous espérons en compter trois ou quatre de plus en 2019 mais c’est un véritable défi car les pharmaciens considèrent Newpharma comme le grand méchant. On propose une bonne rémunération, des avantages, une flexibilité des horaires… Longtemps le pharmacien a refusé de voir évoluer son métier, il n’a désormais plus le choix. Cependant, le ciel est bleu pour celui qui est prêt à se remettre en question.
En décembre, le belge Pharmasimple a annoncé des discussions en vue d’un rapprochement avec la plateforme française 1001 Pharmacies. Comptez-vous aussi sur la croissance externe ?
A priori les discussions n’ont pas encore abouti et il s’agirait d’un échange d’actions plutôt que d’un rachat. La croissance externe ne fait pas partie de nos priorités, mais Newpharma reste à l’écoute de toute opportunité.
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