C’est l’exemple allemand qui a motivé les députés polonais à supprimer, le 4 avril, l’article d’une nouvelle loi qui devait autoriser les ventes en ligne de médicaments sur ordonnance à compter du 1er juillet prochain. La Pologne souhaitait les rendre possibles, mais en maintenant le principe du prix unique du médicament, comme c’est d’ailleurs le cas dans les quelques pays autorisant ce mode de distribution, notamment l’Allemagne et le Royaume-Uni. Toutefois, en octobre 2016, l’Allemagne a été forcée par la Cour de justice de l'Union européenne d’autoriser les ristournes sur les prescriptions vendues en ligne par des pharmacies installées aux Pays-Bas, Doc Morris en tête. Cet arrêt européen, résultat d’une procédure menée, pour la petite histoire, par un avocat général polonais, empoisonne depuis cette date la question du prix unique du médicament Outre-Rhin.
Plutôt que de risquer de se retrouver face à des pharmacies virtuelles étrangères qui seraient fondées à réclamer elles aussi le droit d’opérer depuis l’étranger vers la Pologne avec des ristournes, les députés polonais ont préféré, à l’unanimité, revenir sur l’autorisation des ventes de prescriptions sur Internet. Une décision qui ravit bien sûr les pharmaciens, d’autant que ces ventes auraient pu contribuer à déstabiliser à nouveau tout le secteur de la pharmacie, lequel se remet difficilement de plus de vingt ans de libéralisme effréné.
Concurrence féroce
Au milieu des années 1990, en effet, le gouvernement d’alors avait totalement privatisé les anciennes pharmacies d’État, autorisant par la même occasion la constitution de chaînes détenues par des groupes financiers et les remises sur les prescriptions. Cette politique s’est traduite par une concurrence féroce entre les pharmacies, très vite beaucoup trop nombreuses et mal réparties en raison de la liberté totale de création. Le prix unique des médicaments prescrits fut rétabli dès 2012 et, en 2017, le pays mit un coup d’arrêt aux chaînes et réintroduisit une répartition par quotas de population. Ces mesures n’étant pas rétroactives, il faudra toutefois encore plusieurs années avant que les nombreuses pharmacies détenues par des non-pharmaciens ne disparaissent totalement du paysage.
Selon le vice-ministre de la Santé, Janusz Cieszynski, le risque de voir réapparaître des ristournes sur les prescriptions, via les ventes en ligne depuis l’étranger, menaçait toute la politique mise en place ces dernières années. Il y a quelques semaines, la Commission européenne a sommé une nouvelle fois l’Allemagne d’autoriser sans restriction les ristournes sur les prescriptions en ligne : la Pologne, a poursuivi le vice-ministre, voit dans cette décision un « signal d’alarme » et a donc préféré arrêter le convoi tant qu’il en était encore temps. Cette volte-face pourrait, pour les mêmes raisons, inciter d’autres pays envisageant d’autoriser ces ventes à revoir leur attitude. La République tchèque, riveraine du sud de la Pologne, réfléchit actuellement à une telle autorisation, sans avoir encore arrêté sa position.
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