Pour sa première séance de « questions au gouvernement » mercredi au Sénat, le ministre de la Santé Olivier Véran n’a pas échappé aux inquiétudes sur la vente en ligne de médicaments, alors que le projet de loi qui prévoit d’assouplir les conditions de vente est arrivé au Sénat deux jours plus tôt. Depuis que la profession a été informée de ce texte, elle ne relâche pas la pression. Syndicats, groupements, étudiants, Ordre des pharmaciens, Académie de pharmacie sont vent debout contre ce qu’ils considèrent comme une porte ouverte à Amazon et à l’ubérisation de la pharmacie.
Ainsi, le 17 février au soir, ils étaient tous présents à une réunion avec des représentants des ministères de la Santé et des Finances pour exprimer en détail leur opposition : à l’introduction de la notion de plateforme dans le code de la santé publique, à l’autorisation de locaux déportés pour l’activité de vente de médicaments en ligne, à l’exclusion des revenus issus de la vente en ligne pour calculer le nombre de pharmaciens nécessaires dans une officine. Le 18 février, la profession était auditionnée par les sénateurs sur la question.
Interrogé par le sénateur et médecin généraliste de Corrèze Daniel Chasseing, portant la parole des pharmaciens, Olivier Véran s’est voulu rassurant. Comme l’avait fait sa prédécesseure, Agnès Buzyn, le 5 février, lors de la présentation du projet de loi ASAP en conseil des ministres, il assure que « le gouvernement n’a jamais eu l’intention d’aller vers des plateformes de vente en ligne de type Amazon » et que « le texte prévoit bien que cette activité doit rester sous la seule responsabilité du pharmacien d’officine ». Sentant les pharmaciens arc-boutés sur la notion de plateforme introduite dans ce projet, Olivier Véran veut « couper court à tout risque » et promet que « des amendements seront déposés pour simplifier les dispositions applicables et supprimer la notion même de plateforme ».
Les locaux déportés et le nombre d'adjoints restent dans le texte
Il n’a pas exclu pour autant une possibilité de mutualisation de plusieurs officines pour développer une offre de vente en ligne. Il n’est pas non plus revenu sur l’autorisation de locaux déportés et le calcul du nombre de pharmaciens nécessaires dans une officine en retirant du chiffre d’affaires les revenus issus du e-commerce. Cependant, assure-t-il, « ces mesures de simplification ne doivent pas fragiliser les officines dont la présence est indispensable sur le territoire, je m’y engage, en cohérence avec la politique de santé menée depuis 3 ans dans notre pays par Agnès Buzyn et qui vise au contraire à donner de nouvelles missions aux pharmaciens d’officine sur notre territoire ».
Des déclarations saluées par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui souligne la reconnaissance par le ministre de « l’importance des pharmaciens sur les territoires » et qui attend maintenant les amendements qui modifieront le projet de loi. Pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), en revanche, « l'abandon de la notion de plateforme » n'est pas suffisant. Elle reste fermement opposée à la création de locaux déportés et aux modifications de calcul du seuil de l'adjoint. « Il y a des lignes rouges à ne pas franchir ! »
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