Surdité

La machine qui lit sur les lèvres

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Publié le 05/12/2016

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Les progrès de l'intelligence artificielle n'ont pas fini de nous surprendre. Cette fois-ci, c'est aux malentendants qu'elle pourrait porter secours. Des scientifiques de l'université d'Oxford (Grande-Bretagne) et de Google Deepmind (États-Unis) ont en effet développé une application capable de lire sur les lèvres et de traduire en phrases le mouvement muet de la bouche. Le programme, baptisé LipNet, a été « éduqué » selon le principe du machine learning (N.D.L.R., apprentissage automatisé). En pratique, les chercheurs ont alimenté la machine avec 5 000 heures de programmes télévisés de la BBC (Newsnight, Question Time, The World Today). L'échantillon visionné par l'ordinateur contenait un total de 118 000 phrases et de 17 500 mots uniques. Résultat ? LipNet réalise une lecture sans faute de 46,8 % des séquences. Un score relativement impressionnant, surtout si l'on considère que des professionnels, à qui l'on a demandé d'annoter les mêmes séquences vidéo en lisant sur les lèvres des personnages à l'écran, n'ont atteint que 12,4 % de réussite. La machine plus forte que l'homme ? Ce ne serait pas la première fois. Mais ce qui est remarquable en l'occurrence, c'est la capacité du programme à travailler au niveau de la phrase. Plus encore, LipNet semble capable de gérer la principale difficulté de la lecture sur les lèvres, à savoir, les homophones. Ces mots qui ont un sens différent mais une même prononciation, comme « mer », « maire » et « mère ». Le mouvement des lèvres pour prononcer ces trois mots est en effet parfaitement identique, d'où la difficulté de saisir le sens exact. Dotée de telles performances, cette technologie ouvre la porte à de nombreuses applications. Notamment pour les malentendants, en sous-titrant automatiquement leurs programmes TV, ou en répondant à leur place aux systèmes de reconnaissance ou de commande vocale. Quand l'intelligence artificielle devient naturellement intelligente, il y a de quoi laisser l'Homme muet d'admiration…

Didier Doukhan