Tandis que certains se réjouissent des avancées réglementaires actuelles dans le domaine de la santé numérique, d’autres s’inquiètent du retard pris par la France.
C’est le cas de Dominique Pon, président de Santé Cité, groupe coopératif d’établissements de santé indépendant, qui a, au cours d’une table ronde organisée lors de la 31e journée de l’Ordre des pharmaciens, jeté un véritable pavé dans la mare. S’appuyant sur l'exemple vécu au sein de son établissement à Toulouse, qu’il considère comme très avancé au plan numérique, il a constaté à quel point certains pays voisins étaient bien plus performants. « Un patient espagnol est venu avec son smartphone qui contenait un nombre impressionnant d’éléments, ses prescriptions, ses données de santé, des applications mobiles s’appuyant sur ces données, un pilulier virtuel entre autres », décrit-il. Par opposition, il évoque une France numérique incertaine, avec une architecture commune pas suffisamment claire, des manques béants, comme le fait pour les patients de ne pas pouvoir interagir avec le système de santé. « Certes, il y a le DMP, une brique indispensable, mais il faut chercher comment le faire vivre et il est freiné par certains points bloquants tel que l’absence d’identifiant national de santé. » Selon lui, si la France ne réagit pas rapidement, elle risque de se retrouver dans le tiers-monde de la santé numérique, et de tomber dans les bras de Google.
Un schéma partagé clair pour tous
Le président de Santé Cité a évoqué ce qui serait la bonne façon de procéder : « Un véritable engagement collectif afin de bénéficier, au travers d’une loi, d’un schéma partagé clair pour tout le monde. » Cela permettrait de résoudre la fragmentation de la réglementation qui aborde le sujet de la santé numérique de différents points de vue, le cadre éthique, l’assurance-maladie, la Haute Autorité de santé (HAS), les associations de patients, etc. « Il faudrait cesser d’intellectualiser tous les aspects de la santé numérique et agir pour se donner des objectifs atteignables pour tous », a affirmé Dominique Pon. « Il faudrait également faire davantage confiance au patient, dont on dit toujours qu’il doit être au centre du système de soins, mais qu’il faudrait faire évoluer du statut d’objet de la santé numérique en véritable sujet », a-t-il ajouté.
Face à cette prise de position forte, les autres participants à la table ronde ont affiché une approbation timide, ce qui les a conduits à souligner eux aussi certains blocages auxquels les professionnels de santé font face, comme « ce paradoxe des patients français rétifs à l’usage des données de santé et pourtant largement ouverts aux technologies numériques », ainsi que l’a affirmé Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé.
Autre obstacle, le fait de ne pouvoir mémoriser que deux ans de prescriptions et de remboursements à travers le DMP. « Il y a en effet des situations où la connaissance de la prise de traitements anciens est vitale pour éviter des complications », précise Alain-Michel Ceretti. Les intervenants ont également rappelé les nombreux chantiers de la santé numérique en France, énormes, tels par exemple, les liens entre le DMP et le DP, les messageries de santé sécurisées, l’ordonnance électronique, etc. Mais ont-ils des chances de se développer aussi bien sans le cadre global que Dominique Pon appelle de ses vœux ?
D'après une table ronde organisée lors de la 31e journée du CNOP.
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