SUR NOS ordinateurs, il y a les virus qu’on redoute, et ceux qu’on recherche. Celui de la grippe, par exemple. Pour se lancer sur ses traces, le célèbre moteur de recherche Google n’a pas son pareil. Il a eu la bonne idée d’aller recenser sur la Toile le nombre de requêtes mentionnant les mots « fièvre », « douleurs » ou « symptômes de la grippe ». Des requêtes dont on sait qu’elles sont le plus souvent pianotées par les internautes avant d’aller voir leur médecin. Résultat : le suivi (anonyme) du nombre et de la localisation des entrées informatiques permet de repérer, au jour le jour, l’apparition et le déplacement des foyers de grippe. Un principe simple, expliqué par nos confrères du « Figaro »*, plus difficile à mettre en œuvre qu’il y paraît. Pour arriver au nouvel outil « infodémiologique » - baptisé par ses développeurs Google Flu -, les ingénieurs de Google ont du en effet mobiliser leurs neurones et ceux des chercheurs du très réputé Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta. Aux États-Unis, 90 millions d’internautes adultes, soit autant de sentinelles potentielles, alimentent ainsi quotidiennement le site Google Flu, qui dessine en direct la courbe de l’épidémie en cours. Principal avantage du procédé : sa grande réactivité. Les épidémiologistes du CDC d’Atlanta misent d’ailleurs gros sur cet atout de poids : « Nous allons voir si elles (N.D.L.R., ces nouvelles technologies) permettent de mieux surveiller les débuts de la grippe aux États-Unis. En théorie, ces technologies pourraient s’appliquer à d’autres épidémies ou à d’autres problèmes de santé », déclarait ainsi récemment Joseph Breeze à CNN.
Mais comme aucun progrès n’est parfait, cette surveillance épidémiologique d’un nouveau genre accuse quelques défauts. L’autodiagnostic par les internautes trouve, par exemple, ses limites. De même, les personnes âgées, patients pourtant réputées fragiles, sont rarement connectées au Web, et échappent de ce fait à l’œil aiguisé du média électronique. Bref, nos plus classiques mais précieux réseaux de surveillance épidémiologique ont encore de beaux hivers devant eux. Vous reprendriez bien un GROG, non ?
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