En 2016, Amazon a réalisé en Allemagne, un chiffre d’affaires de plus de 14 milliards d’euros. Les pharmacies virtuelles, elles, réalisent toutes ensemble un chiffre d’affaires avoisinant 1,2 milliard, c’est-à-dire près de 11 fois moins, et la plus grande d’entre elles atteint à peine 1 % du chiffre d’affaires allemand du géant américain. De plus, Amazon compte 44 millions de clients en Allemagne, trois fois plus à elle seule que tous les grands sites marchands réunis. Ces chiffres donnent une idée de la puissance d’Amazon qui, si elle prenait pied sur un marché des ventes en ligne déjà « mature », y occuperait très rapidement une place de choix… avec de lourdes conséquences pour ses concurrents, à savoir non seulement les pharmacies virtuelles, mais aussi les officines classiques.
Amazon propose déjà des médicaments sur son site, mais uniquement via des pharmacies virtuelles partenaires qu’il référence, et qui se chargent du conditionnement et de la livraison. Or de nombreux indices laissent penser qu’Amazon, qui refuse actuellement toute communication sur le sujet, a décidé d’aller plus loin. Le groupe a « recruté » une quinzaine de pharmaciens possédant une ou plusieurs officines, lesquelles pourraient prochainement lui livrer des médicaments dans le cadre de son offre « Prime ». Celle-ci permet aux clients d’Amazon, moyennant un abonnement couvrant tous leurs achats, d’être livrés le jour de leur commande. En pratique, ces pharmacies honoreraient la commande et la remettraient à Amazon qui se chargerait de la dernière étape, la distribution à l’acheteur.
Prendre pied sur le marché de la pharmacie
L’opération ne serait pas forcément immédiatement rentable pour Amazon, mais lui permettrait de prendre pied sur le marché de la pharmacie. Elle attendrait alors une évolution de la législation qui, si elle venait à autoriser les rabais sur les prescriptions vendues en Allemagne même - comme c’est déjà le cas pour les commandes passées d’Allemagne aux Pays-Bas - lui permettrait alors de se lancer à fond dans cette activité… À défaut, notent certains observateurs, Amazon pourrait aussi se mettre à travailler elle aussi avec des pharmacies hollandaises.
Un risque suffisamment grave pour que le principal groupement de pharmaciens d’officine allemand, Linda, prenne les devants et prépare pour cet automne le lancement d’une offre de livraison à domicile rapide pour les clients de ses pharmacies. Le système « Linda 24-7 » est présenté par ses promoteurs comme une « prolongation digitale » pour ses adhérents. Le groupement se refuse à en dire plus pour le moment, et attend le prochain salon Expopharm pour en révéler les détails.
En attendant, rumeurs et informations contradictoires continuent d’alimenter le monde impitoyable des pharmacies en ligne, qui pourrait être totalement déstabilisé par l’irruption d’Amazon. S’il n’est pas certains que les malheurs à prévoir des pharmacies virtuelles fassent pleurer les officinaux, l’histoire du gros qui mange le petit avant d’être à son tour mangé par le plus gros reste en tout cas d’une grande actualité…
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