Le ministère de la Santé a annoncé l’ouverture d’un site public dédié au médicament. L’objectif est de mettre à disposition des Français une base de données officielle sur les médicaments commercialisés dans l’hexagone. Pourtant, la réponse électronique que proposent les autorités de santé, loin d’être l’idée du siècle, ne s’attaque pas au vrai problème : l’éducation pour le bon usage du médicament.
Faire du neuf avec du vieux ? C’est souvent ce qui est reproché aux laboratoires pharmaceutiques, qui étoffent leur portefeuille produits avec des faux nouveaux médicaments composés de principes actifs bien connus. C’est pourtant ce que viennent de faire les autorités de santé qui, tambours battants, ont annoncé la mise en place d’un nouvel espace électronique à disposition des Français (medicaments.gouv.fr). Rien de nouveau finalement, si ce n’est d’avoir regroupé sur un même site des informations jusque-là très éparses. Modalités de remboursement, notice, RCP (résumé des caractéristiques du produit)… cette base de données publique des médicaments est un condensé de ce que l’on trouve déjà sur le site de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), de la HAS (Haute Autorité de santé), et sur Ameli.fr (le site de l’Assurance-maladie).
Une impression de déjà-vu.
Mieux vaut tard que jamais, diront les plus optimistes. Au fond, cette base de données médicaments est une copie d’eurekasante.fr, développée par VIDAL depuis plusieurs années, d’accès libre et entièrement gratuit. Il aura fallu du temps à nos autorités de santé pour faire le même constat que le célèbre éditeur. Quant à l’aspect privé versus public (VIDAL est un éditeur privé), on trouve finalement la même chose, selon la même fiabilité puisque les sources sont identiques (« Journal officiel », ANSM, HAS). Une différence peut-être, et non des moindres, réside dans l’art de présenter les données, et surtout de les rendre compréhensibles. Et, en matière de médicament, c’est ce qui prime avant tout.
Un exemple simple.
Prenons l’exemple du Doliprane, médicament très présent dans les foyers français, mais qui présente une grande toxicité en cas de mauvais usage. Dans la nouvelle base de données médicaments développée par le ministère, après avoir indiqué le nom du médicament dans le moteur de recherche, il faut sélectionner une des nombreuses présentations de Doliprane. Chaque présentation est reliée à une fiche d’information générale où sont précisées l’indication thérapeutique, la composition, et les données économiques diverses. Pour avoir la posologie, il est nécessaire de consulter la notice, imbuvable soit dit en passant. En comparaison, le site eurekasante.fr semble plus simple d’utilisation. La recherche sur Doliprane permet d’ouvrir une fiche unique, résumant l’ensemble des données à connaître pour prendre correctement ce médicament (indication, posologie, contre-indications…), quelle que soit la présentation. L’indication est exprimée dans un langage accessible, tout en conservant la même fiabilité. Un encadré rappelle l’importance de ne pas prendre simultanément plusieurs médicaments contenant du paracétamol. On appelle cela du bon usage.
Avant l’information, l’éducation.
En vente en accès direct depuis 2009, et récemment sur Internet (au sein de sites électroniques développés par des pharmacies existant physiquement), le mode de consommation du médicament ne cesse d’évoluer. À l’heure où la sécurité de ce produit est de plus en plus éclipsée par le seul intérêt économique, l’information sur le médicament est en effet un enjeu essentiel. Mais cette information ne sert à rien si le patient ne dispose pas des notions élémentaires. En outre, les bases de données ne sont que des outils à visée consultative. Elles nécessitent une démarche active de la part du patient. Ce qui fait défaut aujourd’hui, c’est une éducation en amont visant à sensibiliser chaque client/patient à un meilleur usage du médicament. Il manque cette étape d’initiation, qui compléterait le dispositif « pharmacien/notice médicament/campagne d’information ». Comme en matière de sécurité routière, où l’apprentissage et la compréhension du code de la route constituent une étape incontournable, une formation initiale et individuelle permettrait d’anticiper les dangers du médicament et l’intérêt de bien l’utiliser. À noter que le médicament tue plus que la route ! Éduquer pour anticiper, c’est la politique sanitaire que nous serions en droit d’attendre aujourd’hui. Plutôt qu’un énième site sur la toile, aussi complet et rigoureux soit-il, c’est une implication sur le terrain qu’il serait intéressant de mettre en place auprès de chaque consommateur potentiel. Encore faut-il, bien sûr, en avoir la volonté.
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