L'inter-URPS a invité les professionnels de santé à exposer leurs expériences, questions, inquiétudes et envie de travailler ensemble, sous la houlette de Grégory Tempremant, pharmacien à Comines (Nord), président de l'URPS, mais aussi vice président de la commission affaires sociales et familiales au Conseil régional.
« On n'a pas toutes les réponses, mais on les cherche ensemble ! », a résumé Anne-Christine Dupont, orthophoniste à Lacroix-Saint-Ouen (Oise), présidente de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Compiègne, lors de la première Journée régionale des CPTS, qui s'est tenue le 7 novembre, à l'Hôtel de région, à Lille (Nord).
Deux cents personnes - médecins, pharmaciens, infirmiers, dentistes, kinésithérapeutes, pédicures, sages-femmes, biologistes, orthophonistes - ont entendu leurs représentants URPS, ainsi que Stéphanie Rist, médecin, députée du Loiret, rapporteuse de la loi Ma santé 2022, Claude Gady-Cherrier, directrice du service médical de la caisse primaire (CPAM), et Étienne Champion, directeur de l'agence régionale de santé (ARS). La parole était ensuite au terrain : deux CPTS « en émergence », Amiens et Marquette-lez-Lille, deux « en phase d'écriture », Grand Douai et Compiègne, et une « finalisée », Haut-Escaut, ont présenté leur parcours.
Le besoin de se connaître
À Amiens (Somme) on dit le besoin de se connaître, « d'échanger les carnets d'adresses pour informer les patients ». « Quand les professionnels disent la même chose, c'est plus parlant pour le patient, note Sophie Houppermans, pharmacienne à Marquette-lez-Lille (Nord), pour qui créer une CPTS, c'est du volontariat, une dose de patience, une dose de café, et du temps. »
Sonia Grevin, pharmacienne à Douai (Nord), a présenté le Douaisis, 260 000 habitants, 1 000 professionnels, d'où l'idée de trois CPTS. « La médecine de ville existe face aux groupements hospitaliers (GHT), dit-elle, il faut de la pédagogie pour expliquer les CPTS, qui ne sont pas des maisons de santé. » Grand Douai couvre vingt communes, 130 000 habitants. Ses adhérents se réunissent deux fois par mois, travaillent sur les soins non programmés, la prise en charge par les pharmaciens de la prévention de la cystite, par les infirmiers de la iatrogénie, par les kinés de la lombalgie. Ou pour amener à l'éducation thérapeutique (ETP) : « Comme en maison de santé, elle concerne tous les professionnels. »
La région compte 23 CPTS « en émergence », 8 « en écriture », 4 « en finalisation », et 3 « opérationnelles », qui couvrent 38 % de la population. « L'objectif est mille CPTS en 2022, puis couvrir tout le territoire, indique Étienne Champion. L'ARS aide les plus volontaires, mais il faudra aller au-devant des autres, les accompagner dans la durée. »
Territoire cohérent
Les questions fréquentes concernaient les échanges numérisés, dont la télémédecine, le cadre d'une CPTS, son financement, sa pérennité, le lien avec les contrats locaux de santé, avec le monde hospitalier.
Stéphanie Rist a rappelé que l'accord conventionnel État/syndicats du 21 juin dernier fixe le financement par la loi. Dans sa région, un article 51 (sur l'expérimentation) a amené une CPTS à travailler avec un hôpital sur les urgences, ce qui est un exemple. Pour Vincent Couvreur, médecin, « modérateur » du débat : « Il n'y a pas une CPTS, mais des milliers de CPTS. »
Selon Claude Gady-Cherrier, « on ne dit plus clientèle, mais population : l'important est le territoire cohérent ». Le travail peut porter sur l'accès à un médecin traitant pour tous, des soins non programmés, la venue à domicile des personnes âgées d'un médecin. « En France, on parle de médecine de soin plus que de prévention, de dépistage. C'est le rôle des CPTS. » La CPAM finance de 220 000 à 450 000 euros leur fonctionnement, « mais une CPTS a droit à l'erreur, elle peut évoluer, adopter un avenant ».
« L'outil numérique est une attente forte, et son interopérabilité, a lancé Grégory Tempremant. Les CPTS sont isolées sur leur territoire, il faut mutualiser leur expérience. » D'autres ont insisté sur le besoin de travail ensemble. Pour Gérard Peyrac, pédicure, « nos soins sont très peu remboursés, ce qui nous exclut, nous voulons nous intégrer » ; ou Carine Decreton, sage-femme, « une profession mal connue des patientes, ramenée à la natalité, alors que nous intervenons en gynécologie, ou pour l'IVG médicamenteuse ».
Une chance pour les usagers
« Cette organisation de santé est une chance pour les usagers et l'accès aux soins, mais attention à ne pas créer d'autres inégalités territoriales, a averti Pierre-Marie Lebrun, de France-assos-santé. Personne ne parle des usagers, mais ils sont disponibles pour les CPTS. »
L'après-midi a été consacré aux ateliers : accès aux soins, organisation des parcours, prévention, missions optionnelles, « des ateliers très riches, avec beaucoup de choses très pratiques, note Grégory Tempremant. Cette journée a été un grand succès, et une grande attente, et nous la reproduirons chaque année pour accroître le partage d'expériences ».
« La région n'a pas la compétence santé, mais elle est une collectivité très attachée à l'accès aux soins. Nous expérimentons la téléconsultation, travaillons à une plateforme numérique avec tous les libéraux, les hôpitaux. Nous avons ajouté des fonds propres aux fonds de l'Europe. Nous demandons à aller plus loin dans la décentralisation, nos indicateurs de santé sont dégradés, mais il existe une dynamique des professionnels que la région veut mieux accompagner. »
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