Venu ouvrir, mercredi dernier à Munich, le congrès annuel des pharmaciens allemands, Jens Spahn était censé annoncer enfin sa décision quant à cette loi, seul moyen selon les pharmaciens de contrer les pharmacies virtuelles qui, depuis un arrêt européen d’octobre 2016, vendent depuis les Pays-Bas des médicaments de prescription avec de forts rabais aux patients allemands. Ce qui menace à terme l’équilibre de tout le réseau officinal, reconnaît le ministre de la Santé.
Mais contrairement aux prévisions, il n’a abordé ce sujet que de manière détournée, en rappelant qu’il ne peut s’engager que sur ce dont il est sûr. Or une telle interdiction des ventes de prescriptions en ligne, et donc des rabais depuis l’étranger, pourrait être cassée pour des raisons juridiques. L’ambitieux ministre est conscient qu’il risquerait alors d’y laisser sinon sa tête du moins son maroquin. De plus, les pharmaciens qui, depuis des mois, ont multiplié les pétitions et les campagnes auprès de leurs clients pour faire pression sur le gouvernement, doivent se rendre à l’évidence : le sujet les mobilise bien moins qu’ils ne l’espéraient, comme le montre le nombre décevant de signataires de cette pétition nationale, qui a recueilli péniblement un million de signatures alors que les pharmaciens en attendaient cinq fois plus.
Avenir à long terme
Dans ces conditions, l’opposition absolue – et économiquement justifiée – des organisations et des syndicats de pharmaciens devient politiquement de plus en plus intenable. Friedeman Schmidt, président de leur association faîtière, l’ABDA, préfère donc soutenir le ministre pour élaborer une réforme plus vaste, qui redonnerait des atouts à la profession par rapport aux pharmacies en ligne qui, elles, ne peuvent par définition offrir aucun service.
Se disant « ouvert à tout », le ministre attend des pharmaciens qu’ils lui fassent des propositions concrètes pour mettre en place, « dans les six mois », une réforme de fond des officines. Parmi les pistes évoquées, les prestations nouvelles comme les vaccinations, le renforcement du suivi pharmaceutique, notamment pour les personnes âgées, voire les renouvellements de traitements, feraient l’objet de rémunérations à part entière. D’autres missions de santé publique et de prévention viendraient progressivement s’y ajouter. En les rendant ainsi moins sensibles à la concurrence virtuelle, le gouvernement entend assurer l’avenir à long terme des officines.
Reste que tous les pharmaciens ne sont pas prêts à accepter sans broncher le renoncement à l’interdiction des prescriptions en ligne, comme l’ont rappelé les échanges assez vifs entre le ministre et certains délégués régionaux des pharmaciens, à l’issue de son discours. De même, l’ABDA devra faire preuve de pédagogie et de diplomatie pour faire accepter cette idée dans ses propres rangs, à l’heure où le moral de la profession ne cesse de se dégrader : selon le « baromètre » publié chaque année à la veille du congrès, 71 % des pharmaciens se montrent pessimistes pour l’avenir de leurs officines, alors qu’ils n’étaient « que » 50 % il y a deux ans…
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