Dans sa dernière édition, le magazine « Der Spiegel » dénonce un marché parallèle de médicaments de prescription obligatoire sur les sites d’e-commerce, notamment eBay. Un pharmacien de Rhénanie-du-Nord-Westphalie est à l’origine de cette alerte.
Le valsartan et le tramadol du père décédé, des plaquettes de pilules contraceptives, ou encore des antipaludéens… Il ne s'agit que d'un échantillon des nombreux médicaments que l'on peut se procurer auprès d'internautes allemands qui n’hésitent pas à monnayer les traitements à prescription obligatoire via des plateformes de vente en ligne, principalement eBay ou l’équivalent allemand du Bon Coin.
Reinhard Rokitta, titulaire à Bünde, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et président de l’association de pharmaciens Freie Apothekerschaft, a déjà relevé plus de 2 700 cas en 2017 et 2 900 au cours des dix derniers mois. De quoi motiver l’hebdomadaire « Der Spiegel » à se pencher sur ce phénomène et à dénoncer dans la foulée l’inaction des pouvoirs publics dans un pays où, certes, la vente de médicaments à prescription obligatoire (PMO) est autorisée sur l'Internet (lire notre article « abonné »), mais uniquement par des pharmacies.
L'enquête de Reinhard Rokitta a commencé il y a cinq ans. « Un jour, un patient m’a demandé au comptoir un antipaludéen et je lui ai répondu qu’il lui fallait une prescription. Il m’a alors rétorqué que, dans ce cas, il s’en procurerait sur Internet, sur le site de lovelyplanet.de », raconte le titulaire au quotidiendupharmacien.fr. Vérification faite sur le forum du site de l’éditeur de guides de voyages, des touristes proposent en effet à la vente « leurs boîtes qu'ils ont emportées dans leur périple et qu'ils n'ont pas utilisées », dénonce le pharmacien.
Ce constat alarmant va le pousser à de plus amples investigations sur le Net, et notamment sur les sites de mises aux enchères comme eBay, ou des sites de ventes d’occasion spécialisées pour les femmes enceintes ou les jeunes parents. « On y découvre, par exemple, des hormones », s’insurge le pharmacien. Il indique également que ces ventes illicites permettent aux filles de 13 ans de se procurer la pilule contraceptive sans ordonnance et à des prix défiant toute concurrence dans un pays où cette forme de contraception, plus chère qu'en France, n'est pas remboursée par les caisses d'assurance-maladie (lire notre article « abonné »).
Ce sont au total plus de 7 000 données que le titulaire et son association ont transmises au ministère fédéral de la Santé en avril dernier. Sans réponse jusqu’à ce jour, ils envisagent de porter plainte contre ces plateformes de vente en ligne. Et continuent parallèlement leur combat pour l’interdiction de la vente sur Internet de médicaments de prescription obligatoire.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin