Depuis plusieurs années déjà, Facebook, le plus célèbre des réseaux sociaux, est en perte de vitesse chez les plus jeunes, davantage tournés vers les applications de création de vidéos TikTok.
Pour autant, le premier des réseaux sociaux reste dans le coup. Preuve en est : l’entreprise a enregistré 2 milliards d’utilisateurs actifs quotidiens au quatrième trimestre 2022. C’est un fait : malgré la concurrence et les difficultés rencontrées ces dernières années, Facebook remplit toujours pleinement son rôle de mise en relation des individus. Et ce ne sont pas les pharmaciens qui diront le contraire.
Facebook, le réseau social des pharmaciens
Job Pharma by Le Comptoir des pharmacies, ACEPB (L’Amicale des coopératives des étudiants en pharmacie de Bordeaux)… On ne compte plus les groupes Facebook dédiés à la profession. Créés et modérés par et pour les pharmaciens, ces espaces visent souvent un objectif clair : la mise en relation de l’employeur avec le futur employé. Et il y a urgence car, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), 15 000 postes de pharmaciens d'officine et de préparateurs sont vacants pour 50 000 existants dans les 21 000 pharmacies de France. Bienvenue dans un marché tendu, où les bras viennent à manquer et où les onéreuses boîtes d’intérim ont longtemps été l’un des rares relais entre candidats et pharmaciens.
De l’avis de Xavier Gruffat, cofondateur de Pharmapro.fr et du groupe Facebook Pharmapro France, Facebook a toute sa place dans ce contexte. « C'est sûr que Facebook nous aide. Avec environ 20 000 inscrits sur notre groupe, certaines offres sont vues des milliers de fois. » La page, elle, est très active et demande un travail quotidien de modération, de nettoyage et de mises à jour pour y renseigner de nouvelles offres.
Le Pôle emploi des pharmacies
Au-delà de Facebook, des plateformes de mise en relation entre l’offre et la demande se sont implantées durablement dans le paysage officinal français. Xavier Gruffat a lancé son site d'offres d'emploi pour la Suisse (pharmapro.ch) « qui, avec le temps, est devenu leader dans ce pays », précise-t-il. Fort de ce succès, son site a accouché d’un bébé tricolore, www.pharmapro.fr, quelque temps avant la pandémie de Covid-19. Il se présente comme une plateforme classique, diffusant des offres ainsi que les coordonnées des officines. Ni plus, ni moins. « Ce n’est pas vraiment une plateforme de mise en relation par chat ou avec une gestion des curriculum vitæ. En Suisse, en revanche, nous avons implémenté ces fonctionnalités et peut-être que nous les intégrerons en France à l’avenir », souffle Xavier Gruffat.
Mais alors qu’est-ce que ces services apportent de plus que Facebook, LinkedIn et comparses ? Autant de plateformes sur lesquelles tout le monde, ou presque, est déjà inscrit et où les offres circulent déjà. « Nous sommes conscients qu'il existe plusieurs acteurs sur ce marché, et les réseaux sociaux en font partie », fait remarquer Xavier Gruffat. Mais de son analyse, avec plus de 24 000 pharmacies dans l’Hexagone, il y aura toujours de la place pour plusieurs acteurs complémentaires. Il présume que le marché se concentrera « via des fusions de plateformes et les acteurs, eux, innoveront davantage selon les spécificités françaises ».
Profil sur mesure
La concurrence est rude et assez logiquement, les protagonistes s’attachent à développer des services différenciants, en intégrant des fonctionnalités inédites à leurs services. Meetpharma, par exemple, est une Web app gratuite destinée à faciliter la mise en relation entre pharmaciens titulaires et candidats (pharmaciens, préparateurs en pharmacie, apprentis préparateurs, employés et vendeurs en pharmacie, étudiants) à proximité. Une fois inscrit, un titulaire peut y poster ses offres gratuitement et communiquer directement avec les candidats autour de lui. L’application filtre les résultats en fonction de plusieurs critères, comme la géolocalisation de l’offre et du candidat donc, mais aussi le type de poste, le taux horaire, les disponibilités, le type de contrat recherché, ou encore les compétences LGO (logiciel de gestion d’officine) exigées.
En complément, « nous communiquons également gratuitement les offres de nos clients via les réseaux sociaux, sur LinkedIn, Facebook, ou encore Instagram », précise Amin Bouhazam, cofondateur de Meet Pharma. Afin de fidéliser les candidats, l’entreprise a imaginé une sorte de carte de fidélité digitale, via un système de points. « Pour chaque demi-heure travaillée, le candidat remporte des meetpoints qu’il pourra décagnoter au bout d’un an afin de gagner de l’argent. » Le candidat pourra également empocher jusqu’à 150 € grâce à un système de parrainage.
Interrogé en janvier 2023 par « le Quotidien », Amin Bouhazam revendiquait 600 candidats pour environ 350 pharmacies inscrites sur sa plateforme. Deux mois plus tard, « nous comptabilisons 800 pharmacies clientes pour 900 candidats ». Lancée en mai 2022, la start-up séduit pas à pas. Subventionnée par la BPI, elle compte très prochainement lancer une application mobile et augmenter ainsi sa force de frappe.
Le « Seloger.com des pharmaciens »
Car c’est aussi là tout l’enjeu pour ces services : ramener et conserver les utilisateurs dans leur giron. D’autres abattent ainsi la carte de la diversification et de la centralisation. Fondée en 2016, Ouipharma, plateforme de référencement des annonces de pharmacies mises en vente, s’est donné pour mission de donner de la visibilité aux annonces, mais pas uniquement.
Présentant son service comme un « Seloger.com des pharmaciens », Aurélien Filoche, directeur général et cofondateur de Ouipharma, explique : « Nous sommes partis d’un constat plutôt simple. Lorsqu’un pharmacien primo-accédant veut acheter une pharmacie, il a bien souvent affaire à plusieurs interlocuteurs, il ne sait pas forcément où chercher et beaucoup ne comprennent pas comment fonctionne le marché. » Résultat, les candidats se découragent, et pourtant ce n’est pas l’offre qui manque. En France, plus de 1 700 pharmacies ont fermé ces douze dernières années. Alors que, chaque année, environ 3 000 officines sont à vendre mais seules 1 500 d’entre elles trouvent preneur. Et, sans grande surprise, les zones rurales sont les premières touchées.
Mais Facebook n’offre-t-il pas déjà cette visibilité ? Preuve que son service n’est pas de trop, Aurélien Filoche revendique « 80 % des annonces » sur son site. « Et nous avons ouvert le marché aux pharmacies souhaitant vendre en direct (sans intermédiaire, NDLR) », ajoute-t-il.
Mise en relation au sens élargi
Et la diversification dans tout ça ? Au fil du temps, Ouipharma a développé son offre à l’aune des retours de ses utilisateurs. « Nous avons reçu des demandes de pharmaciens clients afin d’ajouter un service pour l’emploi. Pour être honnête, au début nous avons déployé cette fonctionnalité uniquement pour aider notre communauté. Nous en avons finalement fait un service à part entière, car il y avait une réelle demande », assure le directeur général. D’autant que « nous avons accès à un beau vivier de candidatures grâce aux 11 500 personnes inscrites sur notre plateforme. »
Un vivier que l’entreprise compte bien exploiter. Car la plateforme propose également de mettre en relation l’ensemble des profils de la profession (agenceur, organisme de formation, laboratoires…) « Pourquoi ne pas devenir moteur de la mise en relation au sens élargi, questionne Aurélien Filoche, puisque les candidats ont besoin de ces acteurs pour construire leur pharmacie et que ces derniers ont besoin d’être en lien avec les futurs primo-accédants et les titulaires. »
Un e-mail, un mot de passe et un numéro RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé) suffisent au pharmacien pour être référencé sur l’annuaire de la plateforme. Il peut ensuite joindre gratuitement les différentes entreprises, toutes spécialités confondues, via une messagerie intégrée. Les acteurs de la profession peuvent également contacter les officines, moyennant paiement toutefois. Le pharmacien, quant à lui, paiera uniquement pour trois services. S’il publie une offre d’emploi ou de vente et s’il souhaite améliorer le référencement Web de son officine.
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