LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Quelles sont les grandes difficultés que présente un patient diabétique de type 1 ?
VINCIANE HEUDE. – Les profils problématiques sont souvent incarnés par des jeunes qui se retrouvent directement sous insuline et qui refusent leur diabète. Ils sont de plus en plus nombreux à être touchés, en général vers l’adolescence, et peuvent se montrer inconscients face aux signes de la maladie (soif intense, polyurie) ou très négligents face à leur suivi. Il faut donc vérifier, au moment du renouvellement de l’ordonnance, si le matériel utilisé (lancettes et bandelettes) correspond au nombre de glycémies recommandées par jour : au moins 4 mesures à effectuer et plus si la personne fait du sport (avant, pendant et après l’effort, avant et après le repas). Attention aussi à réaliser des mesures fiables, 53 % des diabétiques se servent plusieurs fois de la même lancette !
Autre impératif, le pharmacien doit savoir gérer l’hypoglycémie. Trois morceaux de sucre suffisent ou, à défaut, 2 cuillères à soupe de sirop simple ou une petite brique de jus d’orange. La personne doit être gardée sous contrôle pendant 10 minutes pour vérifier si sa glycémie est remontée. On en profitera pour savoir ce qui a pu causer son malaise en lui posant quelques questions. Si elle est inconsciente, on la met en position latérale de sécurité, on appelle le SAMU et on peut lui injecter du glucagon.
Et pour les patients de type 2 ?
Là aussi il y a un problème d’observance. En général, ce sont des personnes de 40 à 50 ans plutôt en surpoids (souvent un facteur héréditaire associé à une mauvaise alimentation) et qui ne montrent pas de symptômes spécifiques. Difficile de se comporter en malade dans ce cas. Il faut donc s’assurer de la bonne observance du traitement par des questions du type : « Le traitement n’est pas trop compliqué ? », « vous arrivez à prendre tous vos médicaments ? ». Ce qui permet de rappeler les modalités de prise des traitements : Les biguanides provoquent des troubles digestifs et sont éliminés par voie rénale (attention aux insuffisants rénaux et au risque de surdosage !). Les sulfamides hypoglycémiants et les glinides entraînent des hypoglycémies (½ vie longue, attention aux personnes âgées !) et une prise de poids. Les incrétines peuvent créer des désordres digestifs importants (posologies progressives). Le diabétique de type 2 requiert la plus grande vigilance de la part du pharmacien.
Concrètement, quelles actions peuvent être menées au comptoir par le pharmacien pour améliorer l’observance du patient diabétique ?
Voici quelques pistes : Vérifiez l’adhésion du patient au traitement en lui demandant de désigner ses médicaments. Demandez lui aussi sa dernière mesure d’HbA1c et rappelez l’importance de ce dosage (marqueur de l’équilibre glycémique, prévention des complications) qui est à faire tous les 3 mois. Moins de 50 % des diabétiques ont une HbA1c correcte (inférieure à 7 %). Un suivi ophtalmique (rétinopathie) et un dosage de l’albumine (néphropathie) doivent être faits une fois par an. Prendre soin de ses pieds tous les jours pour éviter la formation d’une lésion (lavage, hydratation, choix des chaussures) et proscrire l’utilisation de coricide et d’ustensiles coupants (visite chez le pédicure/podologue une fois par an). Concernant l’autosurveillance glycémique, vérifiez que le patient sait se servir de son matériel et validez la pertinence, la fréquence et les horaires de ses contrôles.
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