Le système nerveux central (SNC) est en interaction étroite avec le tube digestif via les voies nerveuses sympathiques (nerf splanchnique) et parasympathiques (nerf vague) du système nerveux autonome (SNA). Il est ainsi informé en permanence de la nature de l’environnement gastro-intestinal et de ses modifications.
Le microbiote intestinal et ses 100 000 milliards de bactéries sont bien connus pour leur effet barrière empêchant les bactéries pathogènes de coloniser la sphère digestive. Plus récemment, il a été suggéré que, en plus de ses fonctions métaboliques et immunitaires, cet « organe » à part entière prendrait une part active à la communication entre l’intestin et le cerveau et influencerait le fonctionnement cérébral. Les molécules mises en jeu sont produites par les bactéries ou sont des constituants des bactéries elles-mêmes. Elles peuvent atteindre directement le cerveau par voie circulatoire ou indirectement via le système immunitaire en déclenchant la libération de cytokines, ou via le système endocrinien entraînant la libération de neuropeptides.
L’implication du microbiote dans le dialogue intestin/cerveau conduit à penser que, en cas de dysbiose (déséquilibre), il pourrait contribuer à la physiopathologie de nombreuses pathologies neurodégénératives et psychiatriques. « Des premières études menées chez l’animal ont montré qu’en l’absence de microbiote on constatait des dysfonctionnements au niveau cérébral, et qu’en modulant la composition du microbiote on obtenait des modifications de la réponse comportementale de l’hôte », relate le Dr Laurent Naudon (INRA de Jouy-en-Josas). Une étude réalisée chez l’animal avance la possibilité d’un rôle modérateur sur le stress ; toujours chez l’animal, d’autres études montrent une influence sur les troubles anxieux et dépressifs.
Conséquences physiopathologiques des dysbioses
Il reste maintenant à déterminer lors de la dysbiose, quelles sont les populations bactériennes qui ont cet effet sur le SNC, à identifier celles qui sont en quantité plus importante chez le sujet malade, et ensuite à définir quel est leur mode d’action chez l’hôte. Des études sont en cours chez l’homme pour rechercher l’existence de potentielles dysbioses sur les dérèglements qui surviennent au cours du vieillissement, dans la SEP (sclérose en plaques) et la maladie d’Alzheimer.
Chez les enfants autistes, il est possible que des bactéries intestinales traversent la barrière intestinale et soient transportées au cerveau par voie plasmatique, entraînant alors des comportements anormaux. Chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, les données d’une étude finlandaise récente ont montré une altération morphologique de la barrière épithéliale intestinale et un potentiel déséquilibre. Ces modèles confirment l’existence d’un axe microbiote-intestin-cerveau, mais des études complémentaires sont nécessaires pour élucider les liens existants entre eux.
Les équipes scientifiques de Pileje fondent l’espoir qu’une meilleure compréhension du fonctionnement du microbiote intestinal apportera des éléments d’explication pour ouvrir la porte à de nouveaux outils de diagnostic, de suivi, et à des perspectives préventives et thérapeutiques. « Dans un futur prometteur, les résultats pourraient susciter l’espoir d’une prise en charge de ces pathologies par des souches spécifiques de probiotiques ciblant précisément la sphère intestinale. »
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