Alors que la e-cigarette se fait une place dans l’arsenal d’aide au sevrage tabagique, son innocuité continue d’interroger. Selon une étude américaine (1), le vapotage est associé à un risque accru de présenter une respiration sifflante, symptôme associé à une gêne respiratoire et qui peut être le reflet d’une pathologie plus grave, telle qu’une insuffisance cardiaque, une apnée du sommeil ou un cancer du poumon. Ces résultats sont publiés dans « Tobacco Control ».
« Alors que les résultats de la littérature concernant l’association entre cigarette électronique et respiration sifflante sont contradictoires, nous avons mené cette étude afin de déterminer une association solide à partir des données de plus de 28 000 adultes », indiquent les auteurs au « Quotidien ».
Pour le Pr Bertrand Dautzenberg (Pitié-Salpêtrière, Paris) interrogé par le « Quotidien », « cette étude montre surtout que le fait de passer de la cigarette à la cigarette électronique permet de réduire les symptômes respiratoires ».
Des symptômes persistants chez les non-fumeurs
Au total, 28 171 adultes ont été inclus dans l’étude entre octobre 2014 et octobre 2018 et ont répondu à des autoquestionnaires. Parmi eux, 641 (1,2 %) sont des utilisateurs de cigarette électronique, 8 525 (16,6 %) sont fumeurs, 1 106 (2 %) sont fumeurs et vapoteurs, et les 17 899 autres (80,2 %) ne sont ni l’un ni l’autre (non-consommateurs).
Comparés à ces non-consommateurs, les vapoteurs présentent un risque plus important de respiration sifflante et de symptômes respiratoires associés (entre autres, perturbation du sommeil en raison d’une respiration sifflante et toux sèche la nuit) (OR = 1,67). En revanche, le risque est bien moindre chez les vapoteurs que chez les fumeurs (OR = 0,68). De plus, des symptômes persistent chez les anciens fumeurs, même lorsqu’ils ne vapotent pas, en comparaison à ceux qui n’ont jamais fumé, ce qui témoigne des méfaits du tabac à long terme sur la santé respiratoire.
Néanmoins, cette persistance des symptômes ne suffit pas à expliquer le surrisque observé chez les vapoteurs puisque les vapoteurs anciens fumeurs présentaient un risque accru de plus de 50 % pour la plupart des symptômes respiratoires comparés aux anciens fumeurs ne vapotant pas. « Ceci suggère les effets nocifs potentiels du vapotage en plus du tabagisme antérieur », soulignent les auteurs.
Vapoter et fumer, aucun intérêt
Autre constat : le fait de vapoter en plus de fumer n’abaisse pas le risque respiratoire (OR = 1,06). Les fumeurs et les vapoteurs présentent un risque plus de deux fois supérieur à celui des non-consommateurs (OR de 2,09 à 3,58). « Il n’y a aucun intérêt pour la santé à fumer et vapoter », affirme le Pr Dautzenberg.
« Cette étude est intéressante, car elle montre que les vapoteurs ont moins de symptômes respiratoires que les fumeurs et confirme que l’association vapotage et tabagisme est néfaste pour la santé respiratoire, résume le Pr Dautzenberg. Elle nous conforte également dans l’idée que les non-fumeurs ont tout intérêt à ne pas vapoter. Bien sûr, le mieux est encore de jamais fumer ni vapoter ».
Sans remettre en cause l’intérêt de la cigarette électronique en tant qu’aide au sevrage tabagique - un essai randomisé publié dans le « NEJM » (2) a récemment montré la supériorité de la cigarette électronique par rapport aux substituts nicotiniques - les auteurs appellent à la prudence étant donné le risque potentiel sur la santé pulmonaire de la cigarette électronique. Une chose est sûre, la cigarette électronique n’a pas fini de faire débat.
(1) D. Li, Tobacco control, http://dx.doi.org/10.1136/tobaccocontrol-2018-054694, 2019;
(2) P. Hajek et al., NEJM, DOI:10.1056/NEJMoa1808779, 2019;
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