LA CAMPAGNE de vaccination de la grippe s’achève dans deux semaines. Une édition 2010-2011 en demi-teinte. De nombreux vaccins sont en effet restés dans les frigos des officines. Le taux de couverture vaccinale pourrait ainsi chuter cette année de 15 à 20 % selon les premières estimations. À la mi-décembre, alors que la campagne de l’assurance-maladie était engagée depuis plus de trois mois, seulement 5,7 millions de personnes s’étaient fait vacciner sur les 12,5 millions d’assurés pouvant en bénéficier gratuitement. Dans ces conditions, pas sûr que l’objectif d’au moins 75 % de couverture vaccinale pour les populations à risque soit atteint. Certains, tel Gilles Bonnefond, pointent un défaut de communication de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). « Cela fait deux ans que la CNAM ne fait plus de campagne de sensibilisation à la télé, c’est dommage », regrette ainsi le président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le début de la campagne a également été pollué par de fausses polémiques sur l’incorporation de la souche A(H1N1) de 2009 dans les vaccins. L’entrée du virus pandémique dans la composition du vaccin 2010/2011 a quelque peu affolé les patients qui ont craint la présence d’adjuvant dans les doses. D’autres y ont vu un recyclage du surplus de stock de la saison dernière… De nombreux observateurs fustigent aussi l’organisation de la campagne de l’an passé : les Français n’ont toujours pas compris pourquoi on les envoyait se faire vacciner dans des gymnases. Et le message anti-vaccin H1N1 prononcé par de nombreux médecins a laissé des traces dans les mémoires. Résultat, l’acte de prévention en a pris un coup et de nombreuses personnes ont décidé de bouder la vaccination.
Toutes les régions touchées.
Le problème, c’est que les virus grippaux, ragaillardis par le froid de cet hiver, sont particulièrement actifs. Alors, même si on est loin du climat d’inquiétude qui avait envahi la France l’an passé avec l’arrivée du virus A(H1N1) mutant, nos autorités sanitaires sont sur le qui-vive. Actuellement chahutées par l’affaire du Mediator, elles tiennent les virus grippaux particulièrement à l’œil. Au début du mois, constatant une augmentation du nombre des hospitalisations et de formes graves, le Haut Conseil de la santé publique a ainsi émis de nouvelles recommandations concernant la vaccination antigrippale, l’élargissant aux femmes enceintes et aux personnes en surcharge pondérale importante. En pratique, « pour se faire vacciner, ces personnes sont invitées à se rendre chez leur médecin traitant, explique l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Il leur remettra à cette occasion un imprimé complété à leur nom, avec lequel elles pourront retirer gratuitement le vaccin en pharmacie d’officine ».
Au-delà de ces catégories de personnes, « la vaccination contre la grippe saisonnière reste essentielle chez les personnes fragiles, même si celles-ci sont déjà en contact avec le virus qui circule aujourd’hui partout en France », martèle le réseau des GROG (groupes régionaux d’observation de la grippe). Depuis le début de l’épidémie, la grippe saisonnière a tout de même déjà fait une douzaine de morts en France.
Quoi qu’il en soit, la grippe continue de s’étendre sur le territoire. « La période des fêtes n’a pas empêché l’épidémie de progresser, notamment au nord de la Loire », notait récemment le réseau de surveillance. Dans son dernier bulletin, il relève que l’épidémie touche maintenant toutes les régions de l’Hexagone, « même si l’Aquitaine, le Limousin, l’Auvergne, le Languedoc-Roussillon et la Lorraine semblent affectés avec un léger retard ». Le réseau Sentinelles estime de son côté que le niveau d’activité des syndromes grippaux devrait continuer d’augmenter et pourrait même atteindre son pic dans les prochains jours.
A(H1N1) domine.
Les trois souches de virus contenues dans le vaccin 2010/2011 circulent actuellement. Tandis que le virus B représente désormais à peine un tiers des virus grippaux isolés au cours des deux dernières semaines, le A(H1N1) de 2009 devient dominant. Ce dernier serait d’ailleurs responsable d’une augmentation du nombre de formes graves admises en réanimation. « La majorité des cas graves (62 %) a été infectée par un virus A(H1N1) 2009 », indique ainsi l’Institut de veille sanitaire (InVS), qui précise que 61 % d’entre eux présentaient un facteur de risque. Mais il faut être « extrêmement vigilant, car on peut ensuite assister à une montée du type B », insiste le Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national des GROG. « Il est possible que l’on ait des mauvaises surprises avec le virus B », poursuit-il. En effet, les grippes dues au virus B sont généralement moins sévères que celles dues au A. Mais, remarque l’épidémiologiste, le virus B est déjà plus actif que les années précédentes. Reste maintenant à savoir « s’il va se contenter d’être simplement plus actif ou s’il va nous jouer des tours en terme de virulence », s’interroge le spécialiste. Le virus A(H1N1) est pour sa part identique à la souche pandémique qui a sévi l’an passé, même s’il a très légèrement muté. Mais « cela n’a pas d’influence sur sa pathogénicité ni sur sa transmissibilité », affirme Jean-Marie Cohen. Un propos teinté de prudence qui justifie encore l’appel à la vaccination.
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