C’est, cette rubrique historique l’a récemment présenté, dans les années 1930 que des virologues anglais isolèrent le virus de la grippe humaine puis le cultivèrent sur embryon de poulet. Dès lors, l’une des ambitions des chercheurs fut de préparer un vaccin efficace. Le virologue américain Thomas Francis Jr (1900-1969) produisit des anticorps protecteurs en 1936 en inoculant par voie SC le virus vivant et d’autres chercheurs n’hésitèrent pas à injecter en IM à des enfants des filtrats de tissu pulmonaire de souris infectées. En 1937, l’Anglais Wilson Smith (1897-1965) essaya sur des militaires un filtrat inactivé par le formaldéhyde, sans qu’il soit possible de valider la méthode car une épidémie survient au cours de l’essai. Des tests ultérieurs suscitèrent l’apparition d’anticorps mais ne se révélèrent guère protecteurs, en raison d’une insuffisante immunogénicité mais aussi de l’emploi de doses insuffisantes. En fait, il fallut attendre 1942 et l’obtention en quantité du virus cultivé sur œufs embryonnés et purifié par centrifugation à haute vitesse, pour obtenir des résultats satisfaisants : aux États-Unis, George K. Hirst (1909-1994), déjà connu pour avoir découvert les hémagglutinines du virus grippal, parvint alors à induire une immunité protectrice. Jonas E. Salk (1914-1995) - à l’origine du vaccin contre la poliomyélite dans les années cinquante - prépara un vaccin à grande échelle qui protégea 70 % à 80 % des soldats américains engagés en Europe lors de la guerre contre la grippe. Les techniques de production furent dès lors rapidement améliorées et les premiers vaccins commercialisés aux États-Unis en 1945.
Un vaccin annuel
Malheureusement, dès 1947, une épidémie mondiale mit en lumière un paramètre jusqu’alors inconnu : le virus grippal mutant régulièrement, le vaccin n’était pas efficace sur les nouvelles souches et il fallait, en pratique, en formuler un nouveau pour chaque saison grippale. Dès lors, son obtention devint une course contre la montre sitôt le virus annuel isolé (fabriqué, pour l'hémisphère Nord, entre mars et juillet, il obtient son AMM durant l'été puis est commercialisé à partir de septembre).
En France, l’Institut Pasteur commença à développer un vaccin antigrippal à la fin des années 1940 sous l’impulsion de René Dujarric de La Rivière (1885-1969) et de Claude Hannoun. Sa production semi-industrielle sur œuf embryonné fut lancée dès 1955 et, dès lors, le nombre de doses administrées chaque année ne cessa de croître, passant de quelques centaines de milliers en 1958 à 9 millions en 2008. Le vaccin trivalent devint la règle à partir de 1977 ; depuis, des vaccins tétravalents ont été développés, dont l’un administré par voie nasale. Le véritable enjeu de santé publique reste désormais de généraliser cette vaccination dans une population souvent réfractaire !
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