Les lymphocytes T helper 17 (Th 17), une troisième classe de cellules T helper récemment découverte et produisant l’Il-17A, l’IL-17F et d’autres cytokines pro-inflammatoires, jouent un rôle crucial dans plusieurs maladies auto-immunes, dont le lupus érythémateux systémique (LES), la sclérose en plaques (SEP), l’arthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, et l’asthme non atopique.
Monocytaires ou granulocytaires
Une étude de Wu et coll. publiée dans « Science Translational Medicine », révèle maintenant le rôle des cellules myéloïdes suppressives dans la différenciation des cellules Th17 et la progression du lupus érythémateux systémique, fournissant ainsi une cible thérapeutique.
Les cellules myéloïdes suppressives (myeloid-derived suppressor cells, ou MDSC) sont des cellules immatures, d’origine myéloïde, possédant des fonctions immunosuppressives. Les MDSC humaines se répartissent en 2 sous-groupes majeurs : monocytaires (CD14 + CD66b -) et granulocytaires (CD14- CD66b +).Elles émergent hors de la moelle osseuse dans certains états pathologiques comme le cancer, l’inflammation chronique, l’infection et le stress traumatique. Dans le cancer, elles suppriment les réponses immunitaires des cellules T, entravant de ce fait l’immunosurveillance et l’élimination des tumeurs en devenir. Mais leur fonction dans les maladies auto-immunes est moins claire, certains modèles animaux ayant montré un effet bénéfique, d’autres un effet délétère ; elles sont néanmoins évaluées en préclinique pour le traitement potentiel des maladies auto-immunes.
Analysant le sang de 32 patients ayant un lupus actif (comparés à 25 témoins), Wu et coll. ont découvert une augmentation des taux sanguins de MDSC, corrélée positivement à la sévérité du lupus, à l’augmentation des cellules Th17, et aux taux de l’activité sérique de l’enzyme arginase-1 (Arg-1).In vitro, les MDSC-G des patients lupiques montrent une production accrue d’Arg-1, et celle-ci accentue la différenciation des cellules T en cellules Th17.Enfin, si l’on injecte chez des souris (NOD/SCID) des cellules mononucléaires du sang périphérique (lymphocytes et monocytes) de patients lupiques, elles développent des symptômes de néphrite lupique et une activation des cellules Th17 (modèle murin humanisé de LES) ; mais un traitement par un inhibiteur d’Arg-1, ou bien l’élimination des MDSC du sang du patient, diminue l’apparition des symptômes et inhibe la progression de la maladie.
Mieux comprendre la pathogenèse
« Ces résultats mettent en lumière l’importance de l’axe MDSC- Arg-1-cellules T dans la pathogenèse du LES. Dès lors, les MDSCs et leur produit Arg-1 pourraient offrir une cible thérapeutique potentielle pour le traitement du LES et d’autres maladies auto-immunes alimentées par les cellules Th17 », précise au « Quotidien » le Dr Yong-Guang Yang, chercheur à l’Université Jilin à Changchun (Chine) et à la Columbia University à New York (États-Unis).Les prochains objectifs de l’équipe : étudier chez les patients lupiques traités, la relation entre les MDSC et l’amélioration clinique, et étendre l’étude à d’autres maladies auto-immunes comme la SEP.
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