CETTE HISTOIRE commence avec des fèves de la ville de Sassari, d’où un phytochimiste sarde, Torquato Torquati, put extraire et cristalliser en 1911 une substance qu’il identifia comme une catécholamine. Il n’y attacha pas d’importance et ce fut un biochimiste suisse, Marcus Guggenheim (1885-1970), qui reprit ses travaux sur des fèves récoltées… dans le jardin de son directeur, Fritz Hoffmann (1868-1920, fondateur du laboratoire Hoffmann-La Roche). Il en isola la dihydroxyphénylalanine (dopa) en 1913. Ce composé, qu’il identifia comme un isomère lévo et dont il déposa le brevet, se révéla alors inactif et ne sembla guère promis à l’avenir qui devait être le sien…
Cependant, l’histoire de la neurologie dut beaucoup à cette « lévodopa ». En 1939, deux pharmacologues, l’un de l’université de Rostock (Allemagne), Peter Holtz (1902-1970), et l’autre d’origine allemande émigré à Oxford, Hermann Blaschko (1900-1993), décrivirent simultanément la voie métabolique permettant la synthèse de l’adrénaline à partir de la L-tyrosine : cette dernière est convertie en dopa, qui subit une décarboxylation en dopamine, précurseur de la noradrénaline puis de l’adrénaline. Un jalon essentiel pour le futur était posé.
Substitut de la dopamine.
En 1957, un pharmacologue suédois, Arvid Carlsson (né en 1923, Prix Nobel de médecine 2000) montra que la dopamine n’était pas un simple précurseur de la noradrénaline mais un véritable neuromédiateur. Il observa chez l’animal que ses taux étaient élevés dans le ganglion basal, qui participe au contrôle des mouvements, et montra que la réserpine entraînait leur effondrement et une perte de ce contrôle évocatrice de la maladie de Parkinson. Mieux : l’administration de lévodopa réduisait ces signes.
Toutefois, l’introduction en thérapeutique humaine de la lévodopa fut l’œuvre d’un biochimiste autrichien, Oleh Hornykiewicz (né en 1926) qui constata en avril 1959 que la concentration en dopamine était physiologiquement réduite dans certaines zones du cerveau des patients parkinsoniens. Hornykiewicz et un neurologue, Walther Birkmayer (1910-1996), théorisèrent (souvent, devaient-ils raconter, au célèbre « café Schwarzpanier » de Vienne) l’intérêt de la dopa chez le patient parkinsonien avant de passer à la pratique. Effectivement, ils parvinrent à améliorer la symptomatologie de la maladie, et notamment l’akathisie, en injectant en IV à des patients, à partir de juillet 1961, 50 à 150 mg/j de lévodopa - en choisissant ce produit et non la dopamine qui ne pénétrait pas dans le cerveau -.
Leurs résultats furent très favorables, à l’égal de ceux obtenus au même moment par André Barbeau (1931-1986), qui, à l’université de Montréal, administra la lévodopa par voie orale.
Ce traitement fut rationalisé en 1967 à New York par le neurologue George Cotzias (1918-1977) qui montra l’intérêt de commencer par de très faibles doses, administrées toutes les 2 heures, puis augmentées progressivement (jusqu’à 10 g/j voire plus, au prix de nausées et de vomissements récurrents) : il publia la première étude sur le traitement moderne de la maladie de Parkinson en 1968.
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