LA VACCINATION contre le papillomavirus serait-elle aussi indiquée dans la prévention d’une maladie auto-immune : le lichen plan érosif muqueux (LPEM). C’est en tout cas ce que suggère une étude publiée dans la revue « Journal of Investigative Dermatology ». Des chercheurs français viennent de montrer que les cellules immunitaires impliquées dans le LPEM sont les mêmes que celles qui sont activées en réaction à une infection par le papillomavirus humain (de type HPV-16), mettant en évidence pour la première fois un lien entre les deux affections.
Le LPEM, est une maladie inflammatoire touchant les muqueuses buccales et génitales et se manifestant par des lésions et la destruction des kératinocytes. Peu fréquente - elle touche 0,1 à 4 % de la population générale -, c’est une maladie chronique, récidivante avec des complications sévères (douleurs, difficultés à s’alimenter, transformation cancéreuse…).
Un mécanisme jusque-là méconnu.
Si une origine auto-immune était suspectée, les mécanismes biologiques sous-jacents du LPEM restaient mal connus. Les travaux de l’équipe française apportent sur le sujet un éclairage inédit. Une analyse des biopsies des tissus lésés et le sang périphérique des patients avaient déjà révélé la présence de lymphocytes cytotoxiques (CD8) autour des cellules détruites. C’est en cherchant à caractériser précisément le rôle et l’origine de ces lymphocytes qu’ils ont établi le lien entre LPEM et papillomavirus humain. D’abord chez 10 patients atteints de LPEM. Les chercheurs ont mis en évidence chez ces patients une population particulière de lymphocytes CD8 avec un TCR (T-cell Antigen Receptors) spécifique TCRVß3, les mêmes qui sont activées en réaction à une infection par le papillomavirus humain (de type HPV-16).
Vaccination contre le HPV.
Les chercheurs ont ensuite montré que sous traitement (photochimiothérapie extracorporelle), le nombre des CD8 diminuait proportionnellement à l’état clinique (moins nombreux en phase de rémission clinique que pendant les poussées). L’ensemble de ces informations « sont en faveur d’un lien entre l’infection à HPV et le LPEM », estiment les chercheurs.
Une des hypothèses émises par les chercheurs est que les kératinocytes des patients expriment à leur surface un auto-antigène très semblable à l’antigène de HPV-16 ce qui aboutit l’activation anormale du système immunitaire. Ces travaux ouvrent de nouvelles pistes à la fois thérapeutiques dans les formes sévères de LPEM. L’Institut Pasteur a déjà déposé un brevet afin d’étendre l’indication d’un vaccin thérapeutique contre le HPV, au LPEM.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques