Étant donné la variabilité du virus de la grippe, le vaccin doit être actualisé chaque année, et son efficacité n’est pas toujours celle attendue. Les vaccins utilisés actuellement stimulent la production d’un certain type d’anticorps, les IgG. Or, d’après les résultats de cette équipe de chercheurs, ce sont les IgA qui sont les plus efficaces pour combattre le virus de la grippe.
Double attaque
Les auteurs sont parvenus à cette conclusion en comparant, in vitro, la capacité de plusieurs anticorps à neutraliser l’activité du virus de la grippe. Ils ont constaté que tous les sous-types IgG avaient des activités neutralisantes identiques, tandis que les sous-types IgA1 et IgA2 étaient 10 à 1 000 fois plus puissants que l’IgG1.
Pour identifier le domaine de la molécule d’immunoglobuline responsable de l’activité neutralisante de l’anticorps, les chercheurs ont mis au point des molécules chimériques, en échangeant des domaines entre les différentes immunoglobulines. La taille de la partie charnière n’était pas en cause, pas plus que la capacité des anticorps à se lier à l’hémagglutinine.
Les chercheurs sont parvenus à la conclusion que c’était l’extrémité C-terminale contenant de l’acide sialique, sur les IgA1, qui permettait de neutraliser le virus de la grippe. Cette extrémité C-terminale bloque la partie du virus qui lui permet de se lier aux cellules qu’il va infecter, en entrant en compétition avec lui. En effet, comme ce virus (et d’autres virus enveloppés) utilise l’acide sialique comme récepteur, l’acide sialique présent dans cette extrémité C-terminale de l’anticorps interfère avec la liaison du virus avec la surface cellulaire.
Ce qui suggère que les IgA1 exercent leur effet à la fois par l’immunité acquise (l’anticorps reconnaissant spécifiquement le pathogène viral) et par l’immunité innée (la liaison de l’extrémité C-terminale étant non-spécifique). Du coup, les anticorps IgA1 se lient au virus de la grippe par deux localisations au lieu d’une, ce qui favorise leur efficacité. Les auteurs estiment que cette découverte pourrait aider à améliorer l’efficacité de la vaccination.
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Françoise Amouroux
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