Une réduction d’exacerbations et des corticoïdes oraux

Une nouvelle biothérapie pour les asthmatiques sévères

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Publié le 14/02/2019
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Un des phénotypes fréquents d'asthme sévère est l'asthme à éosinophiles (55 %). Un taux sanguin élevé de ces cellules est corrélé à une hyperactivité bronchique, à des exacerbations fréquentes et à un risque élevé de non-contrôle. Benralizumab (Fasenra) est la première biothérapie ciblant directement le récepteur de l'IL-5

L'interleukine-5 (IL-5) est la principale cytokine intervenant dans l'activation, la maturation et la migration tissulaire des éosinophiles. Celles-ci jouent un rôle essentiel dans la cascade inflammatoire observée dans les formes sévères et non contrôlées d'asthme hyper éosinophilique. Elles sont une cible prioritaire pour améliorer le contrôle de la maladie. Les biothérapies disponibles actuellement (mépolizumab et reslizumab) agissent en privant les éosinophiles d'un facteur de croissance essentiel, elles contribuent ainsi à diminuer leur taux dans le sang. Le benralizumab (Fasenra) constitue une avancée majeure dans la prise en charge des asthmatiques sévères non contrôlés par les thérapies habituelles grâce à un double mécanisme d'action innovant. C'est le seul anticorps monoclonal qui cible le récepteur IL-5 présent à la surface des éosinophiles. Sa fixation sur ce récepteur entraîne une inhibition de la voie de signalisation de l'IL-5 et un arrêt de la prolifération des éosinophiles. De plus, la molécule présente une affinité pour des récepteurs qui permettent le recrutement de cellules immunitaires tueuses, les NK (natural killer). Celles-ci vont déclencher la mort (apoptose) des éosinophiles puis elles vont les digérer évitant ainsi toute dégranulation lors de l'apoptose.

Moins de corticoïdes et d'injections

« Ce mode d'action unique et complémentaire permet d'obtenir un taux d'éosinophiles extrêmement bas dans le sang mais également dans la bronche. La déplétion sanguine est rapide dès la première injection et quasi totale après quatre semaines de traitement. Elle se prolonge dans le temps pendant la durée des études (48 et 56 semaines) », constate le Pr Patrick Berger, pneumologue au CHU de Bordeaux. Les résultats de deux études de développement clinique ont montré une réduction significative de moitié (51 %) du taux annuel d'exacerbations et une amélioration de la fonction pulmonaire (VEMS). Une troisième étude Zonda montre que la réduction de la prise quotidienne de corticostéroïdes oraux (CSO) est quatre fois plus élevée chez les patients sous Fasenra vs placebo. Soit une épargne de CSO de 75 % à 28 semaines de traitement. De plus 52 % des patients ont pu atteindre un sevrage complet. Ce nouvel anticorps monoclonal permet également une réduction de moitié du rythme d'injections sous cutanées par rapport aux autres biothérapies disponibles sur le marché. Soit une injection toutes les 8 semaines, une fois les 3 primo injections réalisées.

Disponible en ville, la prescription de ce médicament d'exception est réservée aux spécialistes en pneumologie avec une prescription initiale hospitalière (PIH) annuelle. C’est un traitement au long cours et la décision de le poursuivre ou non doit être réévaluée au moins une fois par an en fonction de la sévérité de la maladie, du niveau de contrôle des exacerbations et de la numération des éosinophiles sanguins.

D'après une conférence de presse d'AstraZeneca.

Christine Nicolet

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3495