« Bien que de futures études soient nécessaires pour valider ces résultats, nos données actuelles confortent l’idée selon laquelle la prévention primaire et secondaire de l’eczéma atopique et de l’allergie alimentaire dans ce sous-groupe d’eczema atopique devrait se concentrer sur l’amélioration de la fonction de la barrière cutanée », concluent les chercheurs dans une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine.
La dermatite atopique (ou eczéma atopique), une maladie inflammatoire de la peau caractérisée par une sécheresse cutanée et des plaques inflammatoires prurigineuses, affecte 20% des enfants. Un tiers des enfants avec eczéma atopique développent aussi une allergie alimentaire (cacahuète, oeuf, lait, etc.).
« Les enfants et les familles affectés par des allergies alimentaires doivent constamment se protéger contre toute exposition accidentelle à des aliments susceptibles d’entraîner des réactions allergiques potentiellement mortelles. L’eczéma étant un facteur de risque pour développer des allergies alimentaires, une intervention précoce visant à protéger la peau pourrait être l’un des moyens de prévenir les allergies alimentaires », explique le Dr Anthony Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIH, Etats-Unis) qui a parrainé le financement de l’étude .
Des résultats en faveur d'une barrière cutanée immature
L’étude prospective dirigée par le Dr Donald Leung, immuno-allergologue au prestigieux centre hospitalier du National Jewish Health à Denver (classé en tête pour la pneumologie aux Etats-Unis), a recruté 62 enfants âgés de 4 à 17 ans; certains avaient un eczéma atopique et une allergie aux cacahuètes (n= 21), d’autres seulement un eczéma atopique (n=19), et d’autres n’avaient pas d’eczéma (n= 22).
Utilisant un simple ruban adhésif pour prélever la couche superficielle des cellules cutanées, en zone lésée et en peau saine, les chercheurs ont réalisé toute une série d’analyses complexes, évaluant la perte d’eau trans-épidermique (TEWL), la composition de la couche cornée (protéines, lipides, ARN), ainsi que le microbiote cutané.
L’analyse en zone lésée n’a révélé aucune différence entre les deux groupes d’enfants ayant un eczéma (avec ou sans allergie aux cacahuètes). En revanche, la peau saine des enfants avec eczéma et allergie aux cacahuètes se révèle présenter plusieurs anomalies associées à une barrière cutanée immature (augmentation de la perte d’eau transdermique, baisse de la filaggrine, expression génique d’immaturité), ainsi qu’une surabondance de Staphylococcus aureus dans le microbiote et une activation immunitaire de type 2 (prédisposant aux allergies).
Isoler des facteurs de prédisposition
« Les enfants ayant à la fois un eczéma et une allergie alimentaire ont une barrière cutanée différente de celle des enfants atteints uniquement d’eczéma. Leur barrière cutanée est altérée et donc susceptible de laisser pénétrer des allergènes alimentaires provenant de l’environnement, prédisposant ainsi ces enfants à l’allergie alimentaire », explique au « Quotidien » le Dr Leung.
« En utilisant la technique peu invasive du ruban cutané adhésif, nous pourrons peut-être à l’avenir prédire quels enfants sont prédisposés à l’allergie alimentaire, mais cette étude nécessite d’être validée et confirmée », prévient-il. Il projette de répliquer cette étude dans d’autres centres médicaux et d’inclure des enfants ayant d’autres types d’allergies alimentaires.
« Ces informations pourraient nous aider non seulement à mieux comprendre la dermatite atopique, mais également à identifier les enfants les plus à risque de développer des allergies alimentaires, avant qu’ils ne développent une éruption cutanée apparente, et ultimement à perfectionner les stratégies de prévention », précise le Dr Leung. « L’utilisation précoce de crèmes pour protéger la peau dès la naissance » pourrait offrir une stratégie de prévention contre les allergies alimentaires, estime-t-il. « La disponibilité de nouvelles technologies pour étudier la peau pourrait indiquer de nouvelles approches préventives contre les allergies alimentaires », ajoute-t-il.
D. Leung et al, Science Translational Medicine, 10.1126/scitranslmed.aav2685, 2019.
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