Lorsqu'il mit en évidence, en 1882, le célèbre bacille qui portera son nom, le Dr Robert Koch ne se doutait certainement pas que celui-ci sévissait depuis si longtemps. En effet, à en croire la récente découverte réalisée par une équipe américano-polonaise, l'agent de la tuberculose vient de prendre un sacré « coup de vieux ».
Tout a commencé à Gogolin, en Silésie, au début du XXe siècle. Le squelette d'un reptile, un proneusticosaure, de la famille éteinte des nothosaures, était extrait des couches sédimentaires où il dormait depuis 245 millions d'années. Mais ce n'est que très récemment que les paléontologues se sont intéressés à une série d'excroissances osseuses remarquées sur quatre côtes de l'animal. David Surmik, auteur de l'étude qui rapporte cette découverte parue dans le « Journal Royal Society Open Science de Londres », raconte qu'il a examiné de près ces excroissances en recourant à la microtomographie. Le chercheur en est très vite convaincu, Il ne s'agit pas de tumeurs cancéreuses. Poursuivant la démarche de diagnostic différentiel, David Surmik écarte également de nombreuses autres maladies. Reste, comme une évidence, le diagnostic de spondylodiscite tuberculeuse. Également appelée discospondylite, cette affection désigne l'infection d'un disque intervertébral et des corps vertébraux adjacents. Jusqu'à cette découverte, les traces constatées les plus anciennes de la tuberculose remontaient à 17 000 ans.
On observe que les phoques d'aujourd'hui, qui peuvent avoir un mode de vie proche de celui du nothosaure, souffrent fréquemment de tuberculose, fait remarquer David Surmik tout en reconnaissant que sa découverte laisse encore planer de nombreuses questions : « On ignore tout de ce reptile, s'il vivait en groupe ou solitaire, et on ne sait pas comment il a pu être contaminé, peut-être par la morsure d'un autre animal ». Ce que l'on sait, en revanche, c'est que la tuberculose fait de vieux os.
Avec l'AFP.
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