LE PÈRE de Dan, le célèbre chef de cuisine David Nicholls, lui promet en effet qu’il retrouvera un jour sa mobilité. Usant de son influence médiatique, il crée à cette fin la Nicholls Spinal Injury Foundation (NSIF : www.nsif.org.uk), qui finance aujourd’hui de nombreux travaux en neurologie réparatrice. Parmi eux, ceux du professeur Geoffrey Raisman, de l’Institut de neurologie du University College à Londres, dont l’équipe a imaginé et testé un moyen ingénieux permettant aux nerfs sectionnés de repousser puis de franchir la barrière jusqu’alors infranchissable que représente la zone de cicatrisation médullaire : la greffe d’OEC (cf. encadré) accompagnées de fibroblastes prélevés sur un bulbe olfactif du patient. Une fois cultivées et implantées au niveau de la moelle, ces cellules forment un « guide », une sorte de « pont nerveux » entre les tronçons sectionnés, susceptible d’être emprunté par les axones des neurones qui peuvent dès lors repousser et se connecter avec la partie aval de la moelle.
Les essais sur l’homme commencent en 2010 : ils sont conjointement conduits par un neurochirurgien polonais, Pawel Tabakow, à Wroclaw, et par Raisman. Un certain Darek Fidyka compte au nombre des candidats à bénéficier de cette technique en 2012 : deux ans auparavant, la moelle de ce Bulgare de 38 ans a été sectionnée par arme blanche au niveau de la vertèbre thoracique Th9. Il n’y a plus alors d’espoir de régénération spontanée et il a perdu toutes ses fonctions motrices ou sensorielles. Huit mois durant, le patient est soumis à une neuro-rééducation intensive pour préparer ses muscles à la rééducation qui suivra l’opération.
Puis les OEC cultivées sont mises en place grâce à un robot de chirurgie, sous localisation stéréotaxique informatisée. Chacun des quatre greffons implantés est composé de bandelettes de 12 mm : ils sont positionnés de part et d’autre de la lésion neurologique et les moignons médullaires sont réunis par quatre segments de nerf sural (un nerf de la jambe) autologue. L’opération crée ainsi le fameux « pont » pour neurones.
Des progrès rapides.
Le programme de rééducation reprend. Les premiers progrès sont observés en 4 mois. Six mois plus tard, les muscles sont renforcés, le buste devient plus stable et Darek parcourt de petites distances, appuyé sur des barres parallèles. À 11 mois, il retrouve la force dans ses jambes et franchit de plus longues distances. À 19 mois, l’homme est capable de se déplacer avec un déambulateur, de conduire sa voiture et de vivre de manière plus autonome : la moitié des muscles clés de la marche sont redevenus mobiles et sensibles, sans effets indésirables ni déficit olfactif lié au prélèvement. Depuis, la stabilité du tronc s’est encore améliorée, les mouvements volontaires des extrémités inférieures sont partiellement restaurés et la masse musculaire dans la cuisse gauche a augmenté. Les sensations superficielles comme profondes sont en partie retrouvées. Surtout, l’imagerie et la neurophysiologie confirment ces progrès qui ne peuvent donc être imputés à la rééducation. Darek est ainsi le premier homme à récupérer significativement d’une lésion totale de la moelle !
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