Sortie du film « Contagion »

Un virus star de cinéma

Publié le 14/11/2011

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Si LE SCÉNARIO catastrophe de la grande pandémie mondiale à virus H1N1 ne s’est finalement pas réalisé, il a au moins fini par donner des idées… de scénario ! C’est le cinéaste Steven Soderbergh qui s’y colle en lançant ces jours-ci sur les écrans « Contagion ». Pour ceux qui n’auraient pas encore vu le film, résumons : un virus venu d’Asie très contagieux et mortel - délicieux mélange de virus Nipah et de virus grippal - se répand comme une traînée de poudre, par simple contact. Un mort, deux le lendemain, puis 4, 16, 32… Jusqu’au milliard de victimes. Bref, le cauchemar des infectiologues. Comme on l’imagine, la communauté médicale se lance dans une course effrénée contre la montre pour enrayer le mal mortel issu d’une innocente chauve-souris. Comme prévu, la panique s’empare des populations et désorganise la planète. Science-fiction ? Pour le virologiste Bruno Lina, interrogé par le site internet Lyon Capitale sur le réalisme du scénario, « on est dans de la pure fiction car si vous regardez la sémantique utilisée, elle est choisie pour faire peur ». Ce film « a sûrement été monté dans les conséquences de la pandémie de H1N1 de 2009. Ils ont joué à refabriquer le scénario du pire », ajoutant même qu’ « ils ont surjoué ». « C’est une peur irrationnelle, c’est-à-dire que globalement aujourd’hui, je ne vois pas de maladies infectieuses qui pourraient être responsables d’1 milliard de décès » ajoute enfin le directeur du centre national de référence sur la grippe. Scénario pas très réaliste non plus, mais surtout très optimiste, estime son confrère Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur) pour qui la mise au point du vaccin salvateur est un peu rapide. Soderbergh aurait-il commis un film catastrophe de plus qui joue sur le registre d’une peur moderne, celle de la mort contagieuse ? Pas seulement, car le message pédagogique insistant sur la nécessité du lavage des mains est remarquablement bien servi par le scénario. Reste aussi une distribution trois étoiles qui a toutefois un peu de mal à ne pas se faire voler la vedette par la vraie star du film : le virus de la peur.

› DIDIER DOUKHAN