Des chercheurs américains de l'Institut de recherche Scripps (Californie) ont mis au point un vaccin qui bloque l’effet planant de l’héroïne et pourrait supprimer la dépendance.
Après plus de huit ans de recherche et des essais réussis chez la souris en 2016, ils viennent de montrer l’efficacité de ce vaccin sur des singes, selon un article publié dans le « Journal of american chemical society ». Le produit mis au point est un vaccin conjuguant de l'anatoxine tétanique à l’une des molécules de l’héroïne, avec des adjuvants. L’objectif des chercheurs étant qu’en injectant ce vaccin, le système immunitaire développe des anticorps spécifiques contre l'héroïne. Ainsi, en présence d’héroïne, ces anticorps viendraient neutraliser la drogue avant de passer la barrière hémato-encéphalique et l’empêcher de se fixer aux récepteurs opiacés du cerveau. De cette façon, la drogue ne présenterait plus d’intérêt psychoactif.
Quatre primates testés
Dans l’étude, quatre primates ont reçu trois doses de vaccin, ont montré une réponse immunitaire (augmentation des IgG anti-héroïne) et ont pu neutraliser différentes doses d’héroïne. Cet effet s’est maintenu jusqu’à 8 mois après la vaccination, et aucun effet secondaire n’a été observé.
De plus, chez 2 des 4 primates testés qui avaient été pré-vaccinés avec le même vaccin durant une étude pilote antérieure, la réponse immunitaire a été plus élevée. Par ailleurs, les chercheurs ont montré que le vaccin neutralisait uniquement l’héroïne, mais n’avait pas d’impact sur les autres opiacés, comme des médicaments antidouleurs, des traitements de substitution ou des traitements de l’overdose (naltrexone). On pourrait donc administrer en même temps que la vaccination un traitement de substitution, ou de la naltrexone en cas d’overdose.
Si ces résultats sont prometteurs, il faudra toutefois confirmer les effets du vaccin chez l’homme. Par ailleurs, les sujets devront être volontaires à la vaccination car, sinon, il leur suffirait de prendre un autre opiacé pour se droguer.
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