Anti-inflammatoires et pharmacovigilance

Un risque d'insuffisance cardiaque confirmé sous AINS

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Publié le 06/10/2016
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Des chercheurs italiens confirment que des anti-inflammatoires couramment utilisés sont associés à un risque d'insuffisance cardiaque.

Selon une étude parue la semaine dernière dans le « British Medical Journal » (BMJ), l'utilisation d'antidouleurs est associée à un risque d'insuffisance cardiaque. Différentes études avaient déjà pointé cette possibilité, ce que confirment les auteurs après avoir passé en revue les données de santé enregistrées, entre 2000 et 2010, de plus de 7,6 millions de patients dans quatre pays européens* prenant des anti-inflammatoires (23 AINS et 4 anti-COX 2), dont plus de 92 000 ont été hospitalisés pour une insuffisance cardiaque.

Les chercheurs soulignent que la consommation de certains analgésiques est associée à une augmentation de 19 % des hospitalisations pour insuffisance cardiaque. Ce risque d'hospitalisation augmente en particulier pour sept AINS - diclofénac, ibuprofène, indométacine, kétorolac, naproxène, nimésulide et piroxicam - ainsi que pour 2 anti-COX 2 - étoricoxib et rofécoxib.

Le risque d'insuffisance cardiaque est doublé avec de très forte dose de diclofénac, d'indométacine, de piroxicam et de rofécoxib. Même à dose moyenne, l'indométacine et l'étoricoxib sont associés à un risque accru. Seul le célécoxib, anti-COX 2 le plus largement prescrit, ne montre aucune augmentation du risque d'insuffisance cardiaque aux doses habituellement utilisées. Au final, le risque d'insuffisance cardiaque est généralement accru lors de la prise d'antidouleurs mais dépend de la molécule choisie et de la dose absorbée.

« Dans la mesure où toute augmentation d'un risque potentiel peut avoir un impact considérable sur la santé publique, les estimations de risques fournis par cette étude pourront servir dans la pratique clinique et dans le travail réglementaire », notent les auteurs. Ils précisent néanmoins qu'il s'agit là d'une étude observationnelle, qui, en tant que telle, ne peut démontrer un lien de cause à effet. La Bristish Heart Foundation rappelle aux médecins de redoubler de vigilance lors de la prescription d'AINS ou d'anti-COX 2, et aux patients de « prendre la plus petite dose efficace pendant la période la plus courte ».

* Allemagne, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni.

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3292